• Aurea : Chapitre 1 : Jour de Pluie

    Chapitre 1 : Jour de pluie.

     

                Il faisait bon vivre dans les rues de Gudis. Les pavés étaient parfaitement alignés et les pelouses sanguines étaient parsemées de champignons en tout genre. On voyait quelques girolles se dandiner au milieu des Anges de la Mort, communément appelées amanite vireuse.

                Aurea rentrait à la maison, des sacs aux poignets. Sa peau grise avait une teinte qui s’harmonisait avec douceur à l’air vert. Elle salua ses voisins qui n’en avaient que faire d’elle. Elles étaient bien trop occupées à se crier des médisances dessus.

    - Sale vert ! Hurla Monsieur Rosz en agitant les bras.

    - Moi sale vert ? Et tu t’es vu sale gris ?! Cria Monsieur Apoderan, s’époumonant d’autant plus.

                Aurea fit la moue en se rapprochant de son voisin direct. L’homme lui sourit gentiment.

    - Ah, ces deux là… toujours en train de se disputer. Rit-il.

    - Oui… J’espère qu’un jour, ils se calmeront. Depuis qu’ils sont venus dans le quartier, nous n’entendons plus que leurs disputes…

                L’homme acquiesça gravement.

    - Quel est le sujet de discorde cette fois-ci ? S’enquit Aurea.

    - Je crois que Rosz a volé le faisan de jardin d’Apoderan… Mais il prétend que ce ne sont que des calomnies.

    - Se disputer de la sorte pour un faisan de jardin ? Soupira la femme.

                Elle leva les yeux en voyant un gros nuage rose se promener dans le ciel. Il avait une couleur assez foncée. Elle fronça les sourcils.

    - Il est mieux que je rentre tout de suite…

    - Ces sacs sont forts lourds, je vais t’aider. Se proposa le voisin.

    - Merci Maurus. Répondit-elle en tendant les deux sacs les plus pesants.

                L’homme s’en empara puis la suivit rapidement jusqu’à sa maison. Comme toutes les autres habitations, elle était faite de métal, seul changeait la couleur. La sienne était d’un brun aux éclats dorés. Les fenêtres rondes étaient transparentes et on pouvait voir, à l’intérieur, des champinières. Des amanites tue-mouches se bataillaient la place avec des giromitres et quelques cortinaires.

                Aurea ouvrit la porte  et elle posa ses sacs dans l’entrée. Maurus déposa également les sacs.

    - J’ai vu que tu avais de belles amanites tue-mouches… est-ce que ça te dérangerait que je te les prenne… je commence à en manquer.

    - Non ! Sers-toi ! À quoi servirait les voisins et les amis sinon ? Sourit Aurea. C’est très gentil.

                La femme rit en passant sa main dans ses cheveux mauves mi-long. L’homme sourit et il se dirigea vers les champinières pour faire sa cueillette.

    - Cela se passe-t-il bien à la pharmacie ? Questionna la femme en retirant ses chaussures.

                Elle enfila des chaussons et récupéra ses sacs qu’elle emmenait dans la cuisine. Celle-ci avait une grande porte vitrée qui donnait sur un merveilleux jardin où se bataillaient fleurs toxiques et champignons en tout genre. L’herbe rouge frémissait sous le vent calme.

                Aurea regarda à nouveau les nuages duveteux qui se déplaçaient faiblement dans le ciel vert.

    - Tu disais ? Questionna Maurus, les bras emplit de champignon.

    - Je te demandais comment ça se passait à la pharmacie. Rit Aurea.

    - Magnifiquement bien. Répondit l’homme.

                Il n’était autre que l’apothicaire de la ville. Le seul homme capable de distiller les poisons ambiant pour guérir la bonne santé qui frappait de temps à autre les habitants.

    - Maurus… ?

    - Oui, ma belle ?

    - Je crois qu’il va pleuvoir… les nuages deviennent foncés.

    - Veux-tu que je reste avec toi ? Demanda l’apothicaire.

    - Non… rentre vite chez toi. Sourit Aurea.

                Maurus sourit gentiment.

    - D’accord. Appelle-moi en cas de problème.

    - Je n’y manquerais pas. Répondit la femme.

                Elle agita la main en sa direction lorsqu’il quitta la maison. Elle soupira en voyant les marques brunes sur le sol.

    - Il aurait tout de même pu retirer ses chaussures…

                Aurea se dirigea vers le poste de radio pour l’allumer. Il grésilla un instant avant qu’il ne vomisse une voix enrouée et fatiguée qui parlait de la météo avec animation.

    - Mes prévisions disent qu’il va pleuvoir. Vous avez bien entendu. Il va pleuvoir.

     

                Senka tenait à la main une peluche d’ornithorynque. Elle courut vers un garçon qui avait les mêmes cheveux vert qu’elle. La seule différence entre eux était la longueur de leur tignasse. Tous deux avait cette même peau grise, ses yeux beiges profonds qui pétillaient et ses tâches noires qui parsemaient leurs joues.

    - Bouh ! Hurla Senka.

                Le garçon tomba sur le sol et il se mit à pleurer vivement. L’institutrice courut jusqu’à lui et le fit se lever. Elle souriait doucement de ses lèvres exagérément peinturlurée. Elle lui caressa gentiment les cheveux.

    - Allons Itzal, ne pleure pas comme ça.

    - O… Oui madame. Hoqueta l’enfant.

                Il essuya ses yeux et se tourna vers la fille. Il tendit les mains vers la peluche.

    - Tu la veux ? Demanda-t-elle.

    - Oui.

    - Tiens !

                Senka fourra la peluche dans les bras du garçon. Il serra l’ornithorynque en souriant doucement.

                L’institutrice sourit et leur caressa les cheveux. Elle poussa un cri en voyant le jeune Justus qui avait attrapé un champignon qu’il s’apprêtait à manger. Elle réussi, par chance, à lui bloquer le poignet juste à temps.

    - Itzal… regarde… les nuages…

                Senka pencha la tête et elle sourit, extatique. Elle leva la main et désigna l’un des nuages qui avait une forme de champignon.

    - C’est joli.

    - C’est foncé… Chuchota Itzal.

                Il ouvrit de grands yeux.

    - Madame Superes ! Cria-t-il.

    - Qu’il y-a-t-il ? Demanda la femme d’un air crispé.

                Elle tâchait de faire lâcher à Justus ce qu’il tenait mais l’enfant si accrochait en hurlant.

    - Les nuages sont foncés !

    - Oh !

                La femme se calma instantanément. Elle fit se lever le gamin récalcitrant et lui confisqua le champignon vivement.

    - Rentrez tous dans le bâtiment ! De suite ! Dit-elle d’un ton sec.

                La moitié des enfants s’empressèrent de s’exécuter, effrayer. Malheureusement, il y avait des élèves récalcitrant que Madame Superes devait obligé à rentrer.

    - Itzal ! Fait rentrer ta sœur !

    - Oui, madame ! Cria le garçon.

                Il prit le poignet de Senka et courut vers le bâtiment. Il l’entraîna à sa suite et la fit entrer dans la protection métallique d’un blanc majestueux. Il l’entraîna jusqu’à une des énormes fenêtres ovales et il colla son nez contre la vitre. Sa sœur le fixa deux longues secondes avant de l’imiter.

                Madame Superes poussa les enfants à l’intérieur de la bâtisse. Elle rentra à son tour et verrouilla les portes, soupirant de soulagement.

                Un coup de tonnerre retentit dans l’air. La pluie tomba ensuite en grosse goutte. Une fumée jaunâtre s’éleva de la terre à mesure que la pluie se fracassait au sol.

    - La pluie… c’est mal… Chuchota Itzal.

    - C’est joli… Dit Senka.

                Elle se tourna vers son frère, les yeux pétillants.

    - On va jouer ?

    - Oui.

                Itzal s’éloigna de la fenêtre et il partit à la suite de sa sœur.

     

    - Bouledesuie ! Rentre tout de suite !

                Aurea siffla et elle sortit dans le jardin où elle attrapa son ornithorynque par la peau du cou. La bête poussa un cri et l’électrocuta. La femme retint un cri et elle rentra, elle posa l’animal puis frotta son poignet endolori. Elle ferma la porte et encoda le numéro pour que tout se verrouille.

                Elle pressa d’autres numéros et un dôme métallique couvrit son beau jardin.

    - L’accalmie reviendra bientôt… bientôt…

                Aurea rangea rapidement ses courses et elle sortit un jambonneau du frigo pour le préparer ce soir. Si la pluie ne durait pas trop longtemps. Il y a trois jours, la tempête avait été telle qu’elle s’était retrouvée seule jusqu’au lendemain aux environs de midi. Elle n’aimait pas rester seule…

                Aurea se dirigea vers son téléphone et elle composa rapidement un numéro.

    - Allôôôô ? Lança une voix guillerette.

    - Amator, mon chéri, c’est toi ?

    - Oui. Je suis bien en sécurité ma belle. Les dômes de protections sont sortis chez nous, et toi ?

    - Moi aussi. J’ai récupéré Bouledesuie mais il m’a électrocuté.

    - Prive-le de nourriture, il est temps qu’il se calme. S’il continue de la sorte, on prendra une taupe étoilée et on le jettera de…

    - Arrête ! Tu sais que les enfants adorent les ornithorynques.

    - Mais j’ai envie d’une taupe étoilée. Soupira l’homme.

    - On s’arrangera. Rit Aurea.

    - Tu as des nouvelles des enfants ?

    - Non. Je te contacterais si j’en ai. J’ai confiance en Madame Superes.

    - Elle est très compétente mais Senka ne sait pas ce qui est bon pour elle…

    - Itzal est là. Rassure-toi.

    - Tu es la voix de la raison ma belle.

    - Merci.

    - Ah… je dois me dépêcher si je veux pouvoir travailler avec l’uranium cette fois. Au revoir ma chérie.

    - Au revoir.

                Aurea raccrocha. Elle soupira et vint devant la télévision. Bouledesuie se leva et vint jusqu’à elle pour s’installer sur ses cuisses. La femme lui caressa les poils alors qu’une émission parlait de la vie sur les autres planètes.

    - Nous vivons sur une planète bien dangereuse… existe-t-il une planète malade et sans danger ? Questionna Aurea, ses yeux d’un rose irréel posé sur l’horloge installée contre le mur.


     


  • Commentaires

    1
    Plume
    Jeudi 21 Août 2014 à 17:58
    Aha, mes deux mots y sont bien, j'ai vérifié. Fait gaffe hein, je te surveille xD
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