• Chapitre 1 : Jean-Marc Narean

    Chapitre 1: Jean-Marc Narean.

     

                Jean-Marc Narean, trente ans, enseignant de profession, dramaturge de vocation. Né le 1er Avril 1984, bien que personne n’ait cru que c’était une blague, à Verviers. Il grandit et étudia à Aubel, coquette petite ville de l’est de la Belgique. Attiré par le théâtre très jeune, il suivit de nombreux cours, quelque soit le jour, l’heure ou le temps.

                Ayant été refusé à l’université de Liège pour d’obscur raison, il se tourna naturellement vers celle de Namur. Il y accompli, avec fruit, des études littéraires et professorale.

                Enfin, il finit par s’installer, tranquillement, dans la petite ville de Jambes où il trouva un travail de professeur de français avant de monter une troupe de théâtre. Evidemment, il en était le dramaturge et acceptait tout nouvel arrivant pour peu qu’il soit suffisamment assidu.

                Jean-Marc aimait : le théâtre, fatalement, le bruit de la pluie contre les vitres et fumer une cigarette après avoir fini de corriger ses copies. Par contre, il n’aimait pas : que l’on pense que son nom s’écrivait « Narine », que son stylobille rouge bave et la « magnifique » idée qu’il avait eu d’arrêter de fumer.

                Il venait de récupérer la dernière feuille crachée par son imprimante. Son premier essai de roman. Ce n’était qu’un coup du sort qu’il en soit venu à cette écriture. Il avait demandé à ses élèves de créer un schéma narratif avant de l’appliquer. Voulant montrer à ses élèves comment faire, en professeur appliquer, il s’était ainsi retrouvé à taper plus de cent cinquante pages.

                Fier de lui, il couvait toutes ses feuilles l’une à la suite de l’autre. Il tapota prudemment le tas pour qu’il soit uniforme avant de se saisir de son agrafeuse. Trois grands « clac » retentirent dans son bureau, faisant une reliure on ne peut plus rudimentaire mais suffisante pour ne perdre aucune feuille.

                Cette histoire, bien qu’il n’aurait jamais cru avoir tant d’imagination pour la terminer, racontait l’histoire de Sullyvanne O’Ceallaigh. Son héroïne avait découvert un livre qui l’avait projeté dans un monde incongru. Fait, fait et refait mais il avait changé la donne en affublant la demoiselle d’un nouveau physique. Elle avait alors appris à faire avec celui-ci et tout ce qui allait avec. Une histoire de magie, de rêve, de contes de fée mais qui soulevait aussi des questions parfois un peu délicate. Surtout que le monde qu’il avait créé mêlait le moyen-âge avec des codes de l’époque, entre autre par manque de recherche, il devait l’avouer.

                Il posa avec soin le tas sur le coin de son bureau avant de se rendre dans sa petite cuisine.

                Il enclencha sa bouilloire électrique avant de venir mettre deux cuillères à café d’infusion à la cerise dans une boule à thé. Il se rendit dans la salle de bain pour faire ses ablutions du soir et enfiler un pyjama.

                Il revint ensuite pour verser l’eau chaude sur sa boule à thé. Bien vite, l’eau chaude se colora dans une douce couleur rosée. Il emmena alors la tasse et une coupole. Il se rendit, finalement, dans sa chambre. Il s’installa sous les chaudes couvertures avant de poser sa tasse.

                Jean-Marc prit L’Avare de Molière, il lavait déjà lu quelques fois mais il s’en ravissait toujours autant. Si seulement il pouvait avoir son talent. Si seulement il pouvait jouer une de ses pièces. Mais il n’avait pas assez d’adepte dans sa troupe à son plus grand malheur.

                Il se saisit ensuite, d’un petit objet blanc, ovale, sauf sur l’un des bouts qui devenait rectangle. Ça, c’était la chose libératrice qu’il avait trouvé pour palier au manque de cigarette. A vrai dire, cette chose médicale, lui permettait d’avoir sa dose de nicotine. Mais puisqu’il ne rejetait plus de fumée nocive, tous ses amis étaient d’accords pour dire que, en effet, il ne fumait plus.

                Une chance pour lui. Bien qu’il préférait de loin l’odeur du tabac froid ou encore faire des formes avec la fumée.

                Il tira une « bouffée » sur cet objet salvateur avant de retirer sa boule à thé pour la mettre sur la coupole. Il commença alors, enfin, à se détendre. Il était bientôt minuit, demain, il devrait aller travailler. Il avait envie et, en même temps, pas tant que ça. Il avait l’habitude de ses élèves, charmant mais indiscipliné.

     

                Lorsqu’il eut fini la pièce de théâtre, il posa le livre sur la table de chevet, un sourire aux lèvres.

                Il n’y avait rien de mieux que pouvoir correctement se détendre. Une dose de nicotine, un thé à la cerise, un bon livre et il était partit pour une nuit. Il vérifia qu’il avait bien mis son réveil avant de s’allonger dans son lit. Il se saisit d’une cordelette, pendouillant contre le mur, et tira dessus, coupant dès lors les lumières.

                Il roula sur le flanc, la meilleure position pour lui, et ferma les yeux.

                Comme bien souvent, Morphée lui tendit les bras. Ils étaient de vieux amants tous les deux. Le Dieu du Sommeil arrivait très vite à lui pour l’entraîner dans une douceur qu’il lui réservait toujours. Rare étaient les nuits d’insomnies, ne venant que lorsqu’il avait beaucoup de travail et qu’il ne pouvait se permettre le repos.

                Ainsi, il allait sombrer lorsqu’une voix féminine, dure, lui parvint.

    - Tu ne peux pas laisser ça comme ça !

                Jean-Marc sursauta et se releva pour tirer sur la cordelette. Il regarda autour de lui, cherchant d’où ça venait. Jamais encore il n’avait entendu ses voisins. Il ne comprenait pas pourquoi, aujourd’hui, ça arriverait. Il y avait un mur d’au moins cinquante centimètres voire un mètre entier entre eux.

    - Tu n’as pas le droit ! Siffla la voix, une fois encore.

    - Q… Qui est là ?

                Il regarda autour de lui, hagard. La voix ne se répercuta pas une nouvelle fois. Ça devait probablement venir de la rue. Il s’assura une dernière fois qu’il n’entendait rien avant de fermer la lumière et de se coucher, une nouvelle fois.


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