• Chapitre 10 : Ce qu'il y a à l'intérieur.

    Chapitre 10 : Ce qu’il y a à l’intérieur.

     

                Mathias tourna la tête vers Jean-Marc qui grimaçait. Il n’était pas sûr de vouloir voir Sullyvanne. Certes, il savait que son physique serait intéressant mais il n’ignorait pas que sa création serait imbuvable.

    - Tu comptes rester longtemps Jean-Marc Narine ? Questionna Faustine.

    - Narean ! Et pourquoi pas ?

    - Il s’impose. Remarqua Sullyvanne. Ah les hommes !

    - Trop ! Soupira Mathias.

                Jean-Marc lança un regard atterré au travesti. Celui-ci sursauta et passa ses doigts dans ses cheveux, un peu paniqué.

    - Mes rubans sont mal mis ?

    - Mais non, tu es parfaite, chérie. Lui dit Faustine depuis la cuisine.

    - Ouf !

                Le professeur de français prit place dans un fauteuil.

    - Aloooooooooooors ?! Lança Sullyvanne d’une voix toute guillerette.

    - Ah oui ! Et bien, j’ai eu un corps lorsqu’un lien s’est fait entre Faustine et moi ! Lorsque nous avons commencé à nous comprendre et à vivre ensemble. À vrai dire… j’ai eu un corps, immatériel, depuis le jour où elle a accepté de faire… ce corps-ci !

                Il se leva et tournoya sur lui, tout sourire. Sullyvanne rit.

    - Ça ne s’entend pas, mais j’applaudis !

    - Merciiiii !

    - Voilà une raison de plus pour ne pas écrire de suite. Trancha l’homme.

                Il sentit une douleur à l’arrière de son crâne, une fois encore, et grogna. Il lança un regard agacé vers la gauche où il devinait sa « fille ».

                Faustine revint dans la pièce. Elle posa devant Jean-Marc une sorte de gobelet remplit d’une étrange substance. Il plongea dedans sa fourchette pour voir qu’il ressortait de longues nouilles qui baignait dans un breuvage brun.

                Il se tourna vers sa collègue, sourcil froncé alors que les deux personnages de roman rigolaient.

    - Ce sont des nouilles instantanées, chéri. Ricana Mathias.

    - Probablement la meilleure chose au monde. Avança Faustine en plongeant ses baguettes dans son propre plat.

    - J’ai habitude de manger des plats plus… raffinés. Je cuisine moi-même.

    - Moi je n’ai pas le temps. Répondit la femme.

                Elle se mit en tailleur dans son fauteuil. Jean-Marc regarda vers la télévision. Cette émission ne lui plaisait pas du tout. D’ailleurs, à en voir l’expression de sa collègue, c’était pareil pour elle. Mais Mathias irradiait en fixant l’écran.

                Jean-Marc regarda les nouilles et il y goûta. Il eut une moue déçue lorsque la saveur explosa dans ses papilles. Ce n’était vraiment pas ce qui lui plaisait.

                Mathias se leva d’un bond et sautilla sur place, dans cet horrible bruit de talon, en désignant la télévision.

                Jean-Marc tourna la tête pour voir une tondeuse à gazon électrique dans des tons roses fuchsia. L’homme ne put qu’afficher une moue écœurée.

    - Faustiiiiiiiine ! On l’achète ?! Elle ne coûte que 365,99 € !!!

    - Je voudrais bien, chérie, mais tu oublies quelque chose ?

    - Ce serait stupide ? Marmonna Jean-Marc.

    - On n’a pas de jardin.

                Mathias se rassit dans le fauteuil en soupirant.

    - Je te tapote l’épaule. Informa Sullyvanne.

    - C’est gentil !! Jean-Marc, il faut que tu lui donnes un corps, la pauvre !

    - Mon texte est très bien !

    - Jean-Marc ? Intervint Faustine. Pourrais-je le lire ? Tu pourras lire le manuscrit complet de « On ne juge pas un livre sur sa couverture ».

    - Je pourrais donner mon avis ?

    - Bien sûr. Sourit la professeur de science.

    - Bien… nous échangerons nos manuscrits demain. Ne lésine pas sur les commentaires, toi non plus. Mais je doute que tu trouves grand-chose.

    - On verra bien. Sourit la femme.

     

                Le lendemain, Faustine donnait son cours de science. Plus précisément de biologie. Mathias était assis sur son bureau, occupé à caresser le petit cactus qui y était posé. Entre autre parce qu’il ne pouvait pas se blesser dessus, aussi par amour pour la plante.

    - Je répète la question… où se trouve l’hémoglobine ? Dit Faustine en souriant.

                Aucune main ne se dressa. La femme se passa la main sur le visage se retenant d’avoir l’air dépité. Pourtant, elle l’était.

    - Si je te donne la bonne réponse, je pourrais avoir ma tondeuse ?

                Faustine lança une petite moue désapprobatrice à Mathias. Celui-ci lui fit une tête de petit animal battu.

    - Alors ? Demanda la femme à ses élèves.

                La sonnerie retentit. Elle n’eut pas le temps de leur offrir la réponse qu’ils rangèrent leurs affaires et sortirent de la classe.

    - Faites les exercices de la page six ! Leur cria la professeur.

                Elle n’entendit aucune réponse. Elle soupira. Faustine récupéra son manuscrit sur son bureau puis elle sortit de la pièce. Elle regagna alors la salle des professeurs où elle trouva son collègue. Lui aussi avait son manuscrit sur lui.

                Il vint vers elle après avoir jeté un regard à ses autres collègues. Il était toujours aussi gêné de devoir discuter avec elle devant tout le monde. Il le voyait aux regards. Même les adultes étaient mauvais et mesquins, contrairement à ce qu’on croyait. Pourquoi s’intéresser à une femme qui ressemblait à une adolescente un peu trop gothique ?

                Jean-Marc posa son manuscrit sur la petite table réservée à la professeur de science.

    - Je vous informerais au plus tôt de ce que j’en ai pensé. Dit-il.

    - Merci. Je ferais de même. Je suis en train de corriger alors j’aurais peut-être un peu de retard.

    - Oui. Je comprends…

                Faustine sourit et elle s’installa à son bureau. Elle prit sa tasse de café. L’homme retourna à sa place, lui aussi. Il entendit la voix de Sullyvanne. Elle était toujours là. Il n’arrivait pas à se défaire d’elle. C’était une des raisons pour laquelle il ne voulait vraiment pas qu’elle devienne matérielle. Il savait à quel point ce serait pénible. Elle serait toujours dans son champ de vision, exubérante.

                Déjà qu’elle se glissait toujours dans sa salle de bain…


     


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