• Chapitre 12 : Entrée dans le monde.

     

                Itzal était impatient. Il sautillait sur place alors que le bruit de la voiture des Ivanof se faisait entendre. Il avait un bonnet blanc visé sur la tête, puisqu’il faisait tout de même plus froid sur Terre que sur Erret, surtout en ce moment de l’année, et une petite mallette décorée à l’effigie d’un célèbre dessin animé terrien.

    - Soit patient… Dit Vladimir.

    - J’ai… hâte.

                Vladimir lui tapota la tête. Il était ravi que le garçonnet fasse des efforts pour parler leur langue, même s’il avait du mal à faire des phrases d’un seul coup. Mais Itzal n’était pas tant ravi de parler cette langue. Elle était toujours très dure pour lui et il se sentait mieux en pouvant parler sa langue natale.

                On sonna enfin à la porte. Itzal s’empressa d’ouvrir il sauta dans les bras d’Ivan dès qu’il le vit. Le garçon rit en le serrant à son tour dans ses bras. Vladimir les avisa d’un œil circonspect.

                Il leva les yeux pour voir le père Ivanof qui se tenait dans l’encadrement de la porte.

    - Merci de l’emmener. J’ai encore beaucoup de travail.

    - C’est tout à fait normal et ça leur fait plaisir.

                Le père regarda les petits partirent vers la voiture. Il sourit de plus belle et revint vers son patron.

    - Nous le ramènerons sans doute après le goûter que les enfants puissent encore être ensemble un petit peu.

                Vladimir ferma la porte, faisant sursauter Ivan. L’homme l’attrapa par le col, la main tremblante.

    - Ce petit est à moi ! Ne croyez pas pouvoir en user !

    - Ivan est son ami… Justifia l’homme, tremblotant.

    - Faites attention. Je ne me répéterais pas. Vous ne l’accaparez pas !

                Ivan opina lentement. Il ouvrit la porte à tâtons et sortit précipitamment. Vladimir était fou. Fou à lier. Il sourit péniblement aux deux garçons qui attendaient devant la portière. Il ébouriffa les cheveux de son fils avant de les faire rentrer dans la voiture. Les lampadaires commençaient à se fermer comme le jour se levait. Itzal continuait de regarder partout avec fascination. Même s’il était dans ce monde, assez horrible, depuis un mois et demi à présent. Il pensait toujours à ses parents, à sa sœur. Il rêvait d’eux parfois.

                Il voulait être avec eux. Mais il n’avait pas envie pour autant de perdre son ami, son meilleur ami, son seul ami. Son tout.

                Il prit la main d’Ivan dans la sienne et lui montra un chien errant avec les yeux émerveillés. Le garçon rit doucement.

    - On devrait t’offrir un hamster ! Rit Ivan-père.

                En espérant que Vladimir ne le tuerait pas pour ça. Il craignait vraiment que l’homme puisse le tuer, aussi aisément qu’on envoyait une carte postale. Même pour ce petit achat insignifiant qu’était un hamster. C’était une race qui avait retrouvé l’état sauvage et qui courait les rues à présent, même si en trouvait encore beaucoup dans les maisons. De toutes les couleurs.

                Il y avait à présent des bêtes de vraiment toutes les couleurs grâces aux modifications génétiques.

    - J’aimerais… bien… un hamster. Dit lentement Irzal.

                Ivan-père lui sourit.

                Bientôt, il gara la voiture devant l’école. Il vint ouvrir la portière et aida Itzal à descendre. Ivan vint se saisir de la main de son ami.

    - Occupe-toi bien d’Itzal. Il risque d’être accaparer par tout le monde. Rappela Monsieur Ivanof à son fils.

    - T’inquiète pas, papa ! Tu peux me faire confiance !

                Alors qu’il disait cela, l’enfant put remarquer que des regards curieux leur étaient adressés. Quelques professeurs eux-mêmes s’approchaient. Dans la foule, certains petits étudiants affirmaient qu’ils devaient « toucher l’alien parce que leur parent leur avait dit ».

    - Viens Itzal. J’espère qu’on aura court de dessin aujourd’hui.

    - Pour… le fusain… ? Demanda Itzal, tout sourire.

                Le fusain, il connaissait. Il y en avait dans son monde. Pouvoir user de fusain lui rappellerait plus fort encore sa mère et son père ainsi que sa sœur. Malheureusement, il avait beau être jeune, il savait que ça ne le ramènerait pas pour autant là-bas.

                Mais il pouvait espérer.

                L’espoir faisait vivre.

     

                Dans son laboratoire, Vladimir travaillait activement. Par mesure de sécurité, il préférait faire ses expériences sur autre chose que lui-même. Sur de petit amphibie tel que des grenouilles. Il n’aurait pu user de salamandre de peur qu’elles se régénèrent toutes seules. Il aurait pu user de souris ou de rat, mais comme tous les autres animaux, ils avaient subis beaucoup de modifications génétiques et ceux disponibles en grande surface n’étaient plus bons pour ce genre de travail.

                L’homme poussa un récipient emplit d’hydrogène avant de s’emparer d’une pipette dont il avait besoin. Il aspira un liquide rose et l’introduit dans le corps de la grenouille. Il lui coupa une patte sans somation. Aucun cri ne parvint. Ce devait être la preuve que les animaux ne pouvaient ressentir la douleur.

                La patte ne repoussa pas.

                Vladimir s’éloigna et baissa son pantalon. Sa jambe avait presque retrouvé son apparence normale. Comme s’il n’avait jamais perdu de muscles de toute sa vie. Il avait beau être en présence d’Itzal, il ne guérissait pas plus vite. Heureusement, ses poumons, eux, avaient vraiment cessé de le faire souffrir.

                Il se rhabilla, sortit de la pièce et alluma une cigarette. Qui se priverait de quelque chose d’aussi agréable alors que le cancer disparaissait en présence d’un petit miracle comme était son pupille ?

     

                Ivan entraîna Itzal à sa suite, l’arrachant aux yeux grands ouverts de leurs camarades de classes. Tous voulaient le toucher, lui parler, essayer d’entretenir un lien avec lui. Mais l’ancien petit myope ne laissait pas faire, à cœur de son rôle. Ils coururent vers la voiture des Ivanof et Ivan le fit rentrer. L’extra-terrestre s’attacha en gémissant un peu, quelque peu bouleversé par les événements. Il n’attirait jamais l’attention avant. Maintenant, c’était toujours l’inverse.

                Ivan-père les emmena à l’animalerie, lançant fréquemment des regards meurtriers vers l’école. Ils pouvaient respecter Itzal tout de même ! Ce n’était qu’un enfant !

                Il se gara bientôt devant le petit bâtiment sobrement noté « Galène ». Il donna deux billets à son fils, discrètement, et les laissa rentrer dans l’établissement.

                Ivan emmena son ami jusqu’à la grande cage qui contenait tous les hamsters.

    - Tu… tu peux le choi… choisir… moi je… je sais pas… Dit-il les yeux grands ouverts.

    - Alors… va avec papa !

                Le garçonnet opina et il rejoignit l’homme qui le prit par l’épaule. Ivan regarda dans la cage mise sous verre puis il vint parler à un vendeur. Il donna l’argent à l’homme qui lui confia une petite cage déjà équipée, un peu de nourriture et puis qui vint chercher un animal dans l’enclos. Tout content, Ivan vint apporter le tout à son ami, trépignant d’impatience.

                Celui-ci prit la boîte où on entendait gratter. Sous l’œil avisé d’Ivan-Père, il ouvrit le dessus et regarda dedans avec soin. Se tenait, dans le fond, un tout petit rongeur. Mais il était d’une couleur particulière.

                Celle de l’arc-en-ciel.

                Itzal sourit et serra son cadeau contre lui. Les deux Ivan sourirent de le voir ainsi. Au moins, ils parvenaient à lui donner un peu de joie de vivre.


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  • Les Chroniques de la Pierre de Ward de Joseph Delaney

    Lorsque j’étais à l’école, ce livre a plusieurs fois été proposé à la lecture mais je n’ai jamais eu la chance de pouvoir le choisir. À chacune des critiques de mes camarades de classes, j’en ai eu de plus en plus envie. Jusqu’à ce que je me décide à aller le prendre à la bibliothèque.

    Ça à commencer par un rêve. Mais ça continue différemment…

    Écrit le 27/11/2014

    Les Chroniques de la Pierre de Ward de Joseph DelaneyL’histoire est bien vite commencée, l’on rencontre directement l’épouvanteur et ce qu’il est sans même comprendre ce qu’il se passe vraiment. Mais cette rapidité est essentielle au récit et ne dérange nullement, tout du contraire. Anglais, Monsieur Joseph Delaney fond la culture ancienne de son Angleterre à un style plus fluide, plutôt destiné aux jeunes malgré la mention « histoire à ne pas lire la nuit » qui estampille l’arrière de l’ouvrage. S’il est vrai que certaines histoires sont horribles, il n’en reste qu’elles sont bon enfant.

    Le style narratif de Monsieur Joseph Delaney est plus que plaisant à lire et les mots coulent sous nos yeux avec aisance. Le langage n’est pas trop soutenu et c’est fluide.

    J’ai beaucoup apprécié ce récit parce que si Tom, le héros, se montre doué dans certaines choses, il fait également beaucoup d’effort. Il n’en est pas moins qu’un enfant avec des erreurs et des raisonnements d’enfants. Et même si Tom doit se débrouiller seul contre son grand ennemi, dans le fond, ce n’est pas lui qui parvient à l’abattre ce qui rend plus qu’agréable cette histoire où l’héros est si commun.

     Écrit le 28/11/14

    Avec ce deuxième tome, Monsieur Joseph Delaney, nous ouvre encore plus son monde, nous Les Chroniques de la Pierre de Ward de Joseph Delaneyplongeant également dans une Angleterre ancienne. Ce n’est pas des préjugés qu’il nous livre mais une vérité. C’est très plaisant de voir ces temps anciens se mêler au fantastique. De plus, la lecture est toujours très aisée et très douce. On est entraîné dans l’aventure de Tom avec un véritable délice. Tous les personnages sont d’ailleurs bien plus développés et on s’attache de plus en plus à eux.

    L’on découvre aussi que la mère de Tom, et par conséquent Tom lui-même, à beaucoup de chose à nous révéler. C’est avec une grande impatience que j’ai attendu de pouvoir lire la suite d’un petit héros simple, dans un monde moins simple qui ne demande qu’à s’ouvrir aux lecteurs.

     

    Écrit le 8/12/2014

    Les Chroniques de la Pierre de Ward de Joseph DelaneyCe troisième volet se marque avec un nouveau décor. En effet, l'hiver arrivant, l'épouvanteur part avec Tom à Agzerlake où l'on découvre une nouvelle race, les sorcières Lamia, qui se montrent d'une grande importance. Ce volet permet de soulever beaucoup de sujet tabou voire houleux. Avec la mort du père de Tom qui nous projette dans la réalité avec force et toutes les machinations de Morgan. L'horreur frappe aussi avec la nécromancie et tout ce qu'elle emplit. Ce livre se montre vraiment tortueux, tant sur le plan de l'âme du père de Tom damnée qui entraîne des problèmes sous-jaccents (mais on ne pourrait lui en vouloir pour ça) et la façon dont l'épouvanteur traite sa bien-aimée Meg. A-t-il raison de faire ça ? Agirait-on de la même façon que lui ?

    La façon dont Tom se défait du Dieu du froid est également très ingénieuse, bien qu'horrible. Encore une fois, il use de talent et d'ingéniosité sans pour autant faire montre de surpuissance.

    Monsieur Joseph Delaney nous livre moins de créature cette fois-ci mais il approfondi grandement ses personnages, ce qui est un mieux. Il est fort plaisant de voir les personnages prendre de l'ampleur, même ceux qui ne peuvent qu'être dépeint par la pensée de Tom.

     

    Écrit le 15/01/2015

    Avec le Combat de l'épouvanteur, Monsieur Delaney signe son quatrième livre des Les Chroniques de la Pierre de Ward de Joseph DelaneyChroniques de la Pierre de Ward. Bien que l'histoire reste très bonne, pour moi, c'est le début de la dégénérescence du livre. 

    L'histoire en elle-même nous replonge dans l'horreur et dans la mort en nous rappelant la disparition du père de Tom et en lui arrangeant ensuite sa mère. Mais il nous livre aussi des révélations (tout en conservant certaines pour plus tard). Par exemple, nous en savons un peu plus sur son état de par ses soeurs. Mais on ignorait ce qu'il en est réellement. Nous pouvons seulement présager de ce qui allait survenir. Et, en ça, Monsieur Joseph Delaney réussit encore un coup de maître. L'horreur persiste également avec ce qui frappe la famille de Tom. Enlèvement, torture, emprisonnement. Voilà de quoi être un peu dégoûté et rebuté au milieu des monstres en tout genre et d'une histoire horriblement bien ficelée. 

    Mais il nous livre un héros qui est mêlé à l'obscur et qui, de ce fait, a des pouvoirs qui en découlent, le mettant au-dessus de tous les autres épouvanteurs qui n'a jamais été dépeint dans le livre... 

    Dans cet ouvrage, le malin se voit libéré et, grâce aux sorts et à la protection de sa mère, voilà qu'il peut lui survivre. Ce qui est, pour moi, la première vraie ulcération (les pouvoirs obscurs ne sont rien à côté). Cette partie prouve à quel point le héros est ridiculement mis sur un piédestal. Grimalkin, une tueuse horrible et sanguinaire, décide de lui laisser la vie sauve. Elle baisse sa garde devant lui et semble même aller contre ses propres principes. De plus, peu après, Tom parvient vraiment à survivre au malin. 

    Heureusement, il nous reste encore un livre avant que l'horreur ne tombe définitivement sur cette très bonne série. Et j'y reviendrais.

     

    Écrit le 3/02/2015

     

    Les Chroniques de la Pierre de Ward de Joseph DelaneyCet ouvrage entraîne Tom dans un nouveau coin du Comté, là où il va découvrir un nouveau genre d’épouvanteur (Bill Akwright) et de nouvelles créatures telles que les sorcières d’eau et les selkies (je crois me souvenir que c’est bien ça). Ce tome est plutôt intéressant, nous permettant de découvrir un nouvel aspect du monde de Joseph de Delaney, nous permettant de voir que tout ne se passe pas comme chez John Gregory.

    L’ouvrage permet également de mieux connaître Tom qui se montre, certes intelligent, mais aussi un peu buté. Il ne pense à rien d’autre qu’à faire ce que John Gregory lui a appris, allant jusqu’à agir contre les ordres de son nouvel instructeur pour suivre les dogmes auquel il est habitué.

    On découvre une nouvelle part de frayeur et d’horreur dans l’histoire des parents de Bill. C’est une chose que j’apprécie beaucoup dans les Chroniques de la Pierre de Ward. S’il est vrai que je lis sans problèmes ces livres la nuit et que je les pense ouverts sans mal à la jeunesse, ce sont des histoires où les horreurs de la vie quotidienne se mêlent sans soucis au fantastique. Que demander de plus ?

    Dans ce tome, Monsieur Joseph Delaney sort sa toute nouvelle carte : le malin. Et il en use avec brio. Au moins, on se demande ce qui va en être dans les tomes à venir.

     

    Écrit le 3/02/2015

    Voilà la déchéance qui frappe cruellement une si bonne série.Les Chroniques de la Pierre de Ward de Joseph Delaney

    Jusqu’alors, j’attendais avec impatience la sortie d’un livre. Et si maintenant je veux savoir le fin mot de l’histoire, ce n’est plus qu’avec angoisse et désintérêt que j’ouvre les tomes.

    Joseph Delaney nous sort une nouvelle carte. Quelle carte ! Tom est le fils de Zenobia, la première Lamia.

    Voilà. Tout est dit.

    Il était intéressant que Tom soit une part de l’obscur mais il devient exagérer qu’il soit le descendant d’une des plus puissantes entités ! Sans compter qu’à côté de cela, Alice est la fille du malin. Rien que ça !

    Au moins, Tom ne prend pas la grosse tête ce qui lui confère un petit côté attachant, et il est capable de sacrifier sa vie pour sauver ses proches. Il y perd deux personnes à qui il tient. Voilà qui semble contrebalancer les choses.

    Pour l’instant…

     

    Écrit le 3/02/2015

    Les Chroniques de la Pierre de Ward de Joseph DelaneyJoseph Delaney nous entraîne dans un autre point géographique de l’Angleterre et, par conséquent, nous livre encore de nouvelles histoires et nouvelles créatures. Comme toujours, les nouveautés qu’il offre sont intéressantes et on aime découvrir le folklore des Royaume-Uni sous la plume de cet homme qui reste assez douce malgré que ses personnages soient trop parfaits.

    Ici, nous trouvons l’occasion de découvrir Lizzie l’Osseuse sous un autre jour. Elle est au comble de sa méchanceté. Là où Alice peut croire qu’elle est devenue forte, qu’elle est capable de battre sa propre mère, elle montre qu’elle n’est qu’une enfant. Qu’elle n’est pas capable de faire tout ce qu’elle prétend. Si seulement ça avait pu lui apprendre à avoir une autre attitude…

     

     

    Écrit le 3/02/2015

    L’Irlande !

    Tom va en Irlande ! Quelle joie pour moi, fane de ce pays, de ses paysages, de sa Les Chroniques de la Pierre de Ward de Joseph Delaneyculture et de tout ce qui va avec !

    J’ai alors eu ma première déception en voyant que Joseph Delaney semblait se désintéressé de l’histoire même des Irlandais pour apporter un autre genre de créature. Jacasseur, Pan ? Voilà qui n’a rien à voir avec l’Irlande. Je me disais que ce n’était pas utile de faire venir un Dieu de Grèce maintenant alors qu’ils y avaient déjà été. Mais lorsque j’ai perçu le mode « sidhe » je me suis dit « mais ça c’est Irlandais ! » et je me suis empressée de vérifier les informations. La Morrigan fait aussi partie du culte ! (un peu trop modifiée à mon humble avis, mais elle en fait partie !) Et Joseph Delaney offre encore un peu d’Irlande avec un grand héros. Me voilà comblée sur un point.

    Un seul.

    Parce que les personnages de Tom et Alice s’enlisent dans la suprématie. Alice est livrée au malin. Mais elle finit par en ressortir. Changée, plus sombre, plus animale, plus cruelle… mais elle en sort ! Elle revient à la vie ! Quant à Tom ? Il acquière une lame magique, sait la maîtriser et pourra réussir à en faire son Destin. Lui, il parvient juste à réussir à contrôler le temps et, pire, à battre le malin sur ce chemin !

    D’ailleurs, la simple course contre le malin en elle-même m’horrifie. On parle du mal incarné ! Il ne peut pas être scellé en trois pages ! J’avoue sans mal que cette entrave m’a dégoûté et m’a retiré toute envie de continuer de lire les épouvanteurs. Mais j’ai été plus loin que la moitié.

    L’autre chose que je reproche à ce tome, tout particulièrement, c’est l’enchâssement des aventures. Elles se suivent bien trop, mêlant des combats tous trop différents alors que ce n’est pas si utile. Au contraire, ça alourdit bien trop l’histoire. À mon humble avis, sans toute la partie sur Pan, le livre aurait peut-être pu être sauvé.

    Écrit le 23 Février 2015

    Les Chroniques de la Pierre de Ward de Joseph DelaneyCe tome m’a finalement réconciliée avec les Chroniques de la Pierre de Ward, bien plus que l’Irlande n’aurait pu le faire !
    J’ai été dubitative au début, avec la façon orgueilleuse dont agi Grimalkin, j’ai même été déçue. « Dire que c’est mon personnage préféré, et voilà ce qu’elle devient ». Je me disais que Joseph Delaney avait décidément réussi à me dégoûtée de sa saga, tout en me disant « mais j’aimerais connaître la fin à présent… »
    Néanmoins, sitôt que Grimalkin est frappée par le poison de Kretch, elle redevient bien plus agréable et se réveille loin d’être clichée ou surpuissante ! Et c’est ça qui a fait la force du livre. Même si, par moment, je soupirais en me disant que là, c’en était trop, le voyage a été bien plus agréable.
    J’ai aimé comme Joseph Delaney s’est inspiré du ver de Lambton, par ailleurs, même si c’est une bonne chose, au final, qu’il n’ait pas utilisé le vrai car cette légende me fait toujours mourir de rire.
    Enfin, mon plus gros reproche reste Thorne. Même si le personnage est très intéressant et bien construit (et que sa présence est plus qu’utile) je suis déçue que Grimalkin ait eu une apprentie. Ça la rapproche que trop de l’épouvanteur. En tant qu’auteur, je suis une grande adepte de l’effet miroir entre les ennemis ou les personnages et j’en use d’ailleurs beaucoup. Mais l’effet miroir ne profite pas à Grimalkin et semble d’ailleurs aller contre sa personnalité même…
    Toutefois, grâce à ce livre, j’ai hâte de me procurer le prochain tome.
    Enfin.

     

     

     

    J’écouterais vos avis sur le livre avec grand plaisir si vous l’avez déjà lu ou venez à le lire. Je sais que mon avis est tranché et de plus en plus négatif mais je remercier tout de même Monsieur Joseph Delaney. Il m'a fait vivre une belle aventure, tout de même.


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  • Chapitre 13 : Président.

     

                Itzal serrait dans ses mains le petit hamster arc-en-ciel qu’Ivan et lui avaient décidé d’appeler « Patates », c’était mieux que « Frites » selon le père Ivanov. Plus sain. Même s’ils ne comptaient pas manger le petit animal !

                Le garçon vint sonner à la maison, attendant que son tuteur vienne ouvrir. Ivan-Père regardait vers la porte avec inquiétude. Il n’aimait pas que son fils reste tout près d’Itzal avec la menace qui pouvait peser sur sa tête. Il ne souhaitait aucun mal au petit extra-terrestre mais, justement, il ne craignait pas qu’il lui arrive quelque chose. Pas comme à son enfant.

    - Ivan, reviens dans la voiture. Lança-t-il d’un ton tendu.

                Son fils tourna la tête vers lui alors que des bruits se faisaient entendre à la porte.

    - À plus ! Lança Ivan dans la langue de son ami.

                Il le serra dans ses bras puis partit jusqu’à la voiture. Il eut à peine grimpé dedans que la maison s’ouvrit. Le père Ivanov s’assura que son fils était attaché avant de démarrer. Plutôt ça qu’affronter son ancien employeur. On pouvait bien le traiter de lâche, ça lui importait bien peu.

                Itzal agita la main vers la voiture alors que les petites griffes de Patates lui entamaient la paume. Venant d’un monde où la douleur était maîtresse, il n’eut aucune réaction pour lâcher l’animal et il rentra dans la maison avec l’animal. Il ouvrit la cage et glissa le hamster si voyant dedans.

    - Itzal ! Je n’aime pas que tu passes ton temps dehors ! Tu devrais rentrer directement après l’école. Personne n’a le droit de t’accaparer !! Personne n’a le droit de profiter de toi !

                Vladimir l’attrapa par l’épaule et le secoua. Itzal resserra la cage contre lui, ne voulant pas prendre le risque de la faire tomber avec son tout petit habitant. Il leva un regard vers son tuteur, les yeux injectés de son. La folie brûlait d’ailleurs ses iris.

    - Ivan et son papa m’ont offert un… hamster.

    - Tu avais besoin d’une de ses sales bêtes ?! Siffla l’homme.

    - Non…

    - Alors arrête tes stupidités ! Tu dois rester avec moi autant que tu le peux ! Tu as certainement des devoirs à faire !!

    - Non.

    - Non ?! Rugit-il.

    - C’est… c’est le… p… premier… jour et…

                Le petit tremblait, reculant lentement. Mais Vladimir l’attrapa par le bras et le secoua de nouveau. Itzal resserra d’autant plus ses bras sur la cage, marquant sa peau de strie.

                L’homme leva la main lorsqu’on sonna à la porte. Il grinça immédiatement des dents.

    - Si c’est Ivan, je l’étripe !

                Itzal glapit, les yeux grands ouverts. Pour lui, il s’agissait de l’acte pur et brut. Bien que connaissant Vladimir, il était parfaitement capable de vraiment essayer de tuer son ancien subordonné.

                Le tuteur vint ouvrir la porte. S’il grognait en le faisant, il se figea et prit une attitude bien plus humble en voyant l’homme à la porte. Ce n’était pas Ivan dont il aurait bien retiré les intestins du corps pour vérifier s’ils faisaient bien plus de dix mètres. Il s’agissait du Président Gleb Kirovitch Krylov en personne. Comme toujours, il était accompagné de deux gardes du corps.

    - Président Gleb Kirovitch.

    - Bonjour. Puis-je entrer ?

    - Bien sûr.

                Vladimir s’empressa de se bouger pour le laisser venir avec son escorte. Sa gorge était soudainement bien sèche. Le tuteur vint dans la pièce à son tour, tendu au possible.

    - Bonjour Itzal, je peux venir m’asseoir à côté de toi ?

    - Oui.

                L’homme s’assit dans le fauteuil. Le garçon s’assit à son côté, très intimidé. C’était un homme de grande taille, comme Vladimir. Mais ce dernier, à cause de sa canne, était bien plus voûté.

    - Je peux vous ramener du Sbiten(1), si vous le souhaiter.

    - Bien volontiers.

                Vladimir s’éclipsa dans sa cuisine.

                Gleb sourit à l’enfant.

    - Qu’as-tu là ?

    - C’est un « hamster ». Mon ami Ivan… me l’a acheté…

                Il avait toujours un peu de mal à parler russe. L’homme sourit et lui ébouriffa les cheveux alors que l’extra-terrestre lui montrait Patates qui rentrait dans sa petite maison.

    - Ah… un hamster arc-en-ciel ! C’est bien choisi !

                Itzal sourit en regardant son petit animal.

                Vladimir revint avec quatre pintes d’hydromel et un verre de limonade ainsi que quelques zakouski aux harengs marinés ou aux œufs de saumon. Le Président le remercia et se saisit d’un des hors-d’œuvre. Il en donna un autre à l’enfant qui en mangea un avec intérêt, peu habitué à ce genre de repas visiblement réservé à la présence de personne aussi exceptionnelle que le Président.

                Le tuteur prit place dans un des fauteuils et sourit.

    - Je suppose que vous êtes venu ici pour une raison.

    - Pas pour parler nautisme ou chiffon, en effet. Rit Gleb.

                Vladimir força un rire bien qu’il était particulièrement tendu.

    - Je suis venu vous voir au sujet des études de ce petit.

    - Il a absolument voulu aller à l’école publique de son ami.

    - Ce n’est pas un mal. Rassura le Président.

    - Ça avait l’air bien… avant… j’allais à l’école avec… Senka.

                Gleb opina doucement, lui offrant un sourire navré. Il ignorait qui était cette fameuse Senka. Sa sœur sans doute.

    - Alors qu’est-ce qu’il y a ? S’enquit Vladimir avec anxiété.

    - J’aimerais qu’ils suivent quelques cours qui pourraient lui être utile. Comme l’informatique par exemple. Nous ignorons si ça existe dans son monde. Il faudra qu’il fasse ça après l’école mais c’est le mieux pour lui.

    - Et si ça existait chez lui et qu’ils envoyaient des messages aliens à ses petits copains ?!

    - J’en prends le risque. Après tout, nous leur devrons bien ça. Nous avons pris de force un des leurs.

    - Bien… Président. Dit Vladimir.

                Il allait être encore plus éloigné de son pupille ! Il n’aimait pas ça. Il avait tellement besoin de lui.

    - Je reviendrais de temps en temps vous voir. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut voir un alien. Rit-il en caressant les cheveux d’Itzal.

                Il prit un autre zakouski qu’il lui donna. Le jeune garçon le remercia et mordit de l’hors d’œuvre avec plaisir.

     

                Le soir venu, Vladimir était dans son fauteuil, regardant la télévision avec Itzal. Le petit y était plus forcé qu’autre chose. Durant une émission sur les tribus sédentaires, il préférait de loin jouer avec Patates. La nuit étant tombé, le hamster était plutôt actif et il essayait de l’apprivoiser avec des graines de tournesols.

                L’émission à venir devait parler des eunuques, ce qui n’était pas plus pour plaire à l’enfant qui ne savait même pas ce que le mot voulait dire. Il aurait pu mieux apprendre la langue en prenant garde à la télévision mais ça ne lui plaisait pas plus.

                Vladimir n’étant pas plus intéressé, il zappa pour mettre le journal. C’est alors qu’une photo de Ninel apparut dans l’écran. Itzal redressa la tête et sourit. Sur la photo, on voyait que des cheveux recommençaient à pousser sur le crâne dégarni.

    - Et voici maintenant l’affaire de la petite Ninel Dimitrinova Karkarov. Elle était atteinte d’un cancer et vouée à une mort certaine. Les médecins et sa famille étaient désespérés. Et, soudainement, elle a été guérie du cancer. Nous vous parlons bien de guérisons instantanée sans la moindre trace de maladie où que ce soit. Ses défenses immunitaires sont à nouveaux au plus haut ! C’est incroyable. Les médecins préfèrent tout de même attendre les dix ans de rémissions avant de la proclamée guérie. Pour les parents, il s’agit ni plus ni moins d’un miracle. Nous allons immédiatement interroger le médecin Jason Gustaviano, le célèbre médecin italien.

                La femme se mit alors à parler en sumérien pour s’adresser à l’homme.

                Alors qu’Itzal continuait de regarder la photo de Ninel, un large sourire aux lèvres, Vladimir se rendit dans une autre pièce. Il décrocha le téléphone et composa rapidement un numéro.

                Il plissa les yeux en attendant qu’on décroche. Mais lorsqu’on prit l’appel il n’eut pas pour autant une bonne surprise puisqu’il entendit de la guitare dans son oreille.

    - Nikolaï Aleksandrovitch… vous êtes un enfant.

    - Bonjour Vladimir ! Comment allez-vous ?

    - Bien, bien… j’ai la preuve indéniable que le petit que nous avons recueilli est la panacée que nous attendions tous. Si nous nous y prenons correctement, nous pouvons devenir très riches.

    - Pourquoi me contacter ? S’étonna Nikolaï.

    - Parce que si nous ne nous dépêchons pas, quelqu’un nous passera devant. Et nous n’allons pas laisser quelqu’un d’autre être milliardaire, n’est-ce pas ?

    - Bien vrai… Ricana Nikolaï.

     

     

     

    (1)   Hydromel traditionnel russe.

     

     


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  • Chapitre 14 : Déménagement.

     

                Aurea sortit de l’erutiov. Elle regarda le noimac de déménagement qui se garait pas très loin de leur nouvelle maison. La femme vint vers Amator qui aidait leur fille à sortir du véhicule. Elle serrait contre elle sa peluche ornithorynque tandis qu’à côté, le vrai animal grognait dans sa caisse de transport.

    - Nous n’aurions pas dû déménager ! Attaqua immédiatement la femme. Ça n’avait pas été décidé au suffrage général !

    - Chérie…

    - Imagine qu’Itzal revienne ! Il nous cherchera là-bas et pas ailleurs. Et il ne pourra même pas aller se réfugier chez Maurus, il est mort !

    - Alors, il ira se réfugier chez Lónan, malgré tout ce que tu penses de lui. Itzal n’est pas stupide, il saura s’y retrouver.

    - S’il n’y arrivait pas ? Gémit-elle.

    - Fais-lui confiance. De toute façon, lorsque cet immense noiva est arrivé, tout le monde a été prévenu. S’il revient, on ira à sa rencontre.

                Aurea ne croyait pas un mot de ce que disait son époux mais elle s’obligea à opiner et à sourire.

                Elle vint prendre sa fille dans ses bras alors que son mari emmenait Boule de suie dans la maison. Il le libéra dans une pièce fermée pour qu’il ne puisse pas s’enfuir puis il vint aider les déménageurs à tout placé dans leur nouvelle maison. Au moins, il y avait un beau ciel dénué de nuage rose. Il n’y aurait pas de pluie acide avant un petit moment.

     

                Le lendemain, Senka descendit les escaliers et elle rejoignit sa mère, qui terminait son maquillage, à la réverbération d’une bougie posée sur la table.

    - Bonjour, ma chérie. Sourit péniblement Aurea.

    - Bonjour. Itzal n’est toujours pas là, maman ?

                La femme secoua la tête, un sourire figé aux lèvres. Elle ne voulait pas se mettre à pleurer. Elle ne devait pas se montrer faible devant sa fille. Elle n’avait pas besoin de cela, tout au contraire.

                Amator vint les rejoindre, Boule de suie le suivant en grognant. L’homme soupira et se tourna vers l’animal de compagnie.

    - Je sais que tu n’es pas content, mais c’est comme ça et pas autrement ! Et tu ne sortiras pas avant un moment, mon vieux !

                Dédaigneux, l’ornithorynque s’éloigna en agitant la queue.

    - Je vous jure… ces animaux de compagnie ! La prochaine fois, on aura une taupe étoilée !

                Aurea n’eut qu’un faible sourire. Ce sujet de « dispute » les avait toujours rapprochés avant, mais ce n’était plus le cas à présent. Amator sentait toujours un regard de reproche vers lui lorsqu’il parlait à sa tendre aimée. Il savait que certains de ses amis avaient perdus leur couple avec leur enfant. Il craignait que ça arrive pour eux aussi.

    - Je vais amener la petite à l’école.

                Aurea opina faiblement. Elle se leva et vint embrasser son mari. Comme si elle avait sentit ses inquiétudes et qu’elle voulait lui prouver que tout irait bien. Elle se serra un instant contre lui.

                N’était-il pas l’amour de sa vie ? Le seul et unique qui ait vraiment compté à présent, à part ses enfants bien sûr. Mais d’une autre façon.

                Amator la resserra doucement contre lui. Il posa un baiser sur son front et lui offrit un regard reconnaissant. Il prit sa fille dans ses bras et sortit avec elle, vérifiant la clarté du ciel. Il ne prendrait pas le risque de remettre sa petite en danger une seconde fois. Si sa femme perdait un autre enfant, elle ne s’en remettrait pas.

                Il emmena sa fille dans l’erutiov et ils partirent vers l’école. Si avant, ils pouvaient y aller à pied, dans cette ville l’école était bien trop loin. Ainsi, il devrait l’emmener et la rechercher tout le temps. Mais pour l’instant c’était encore possible puisqu’il avait un travail à trouver. Le fait de devoir regagner le centre-ville était en soi une opportunité. Il pourrait se présenter un peu partout.

                Il déposa alors sa fille à l’école, souriant de toutes ses dents. Il lui posa un baiser sur le front et lui caressa doucement les cheveux.

    - Allez ma chérie… bonne rentrée. Écoute bien tes professeurs et suis leurs conseils. Fais-leurs confiance, ne reste surtout pas dehors quand il pleut, tu te souviens ?

    - Oui, papa.

    - Essaie de te trouver un ami… il t’aidera beaucoup ma chérie.

    - Accord…

                La fillette sourit, serrant toujours l’ornithorynque dans ses bras. Elle partit en trottinant. Elle regarda autour de lui avant de s’arrêter. Un peu plus loin, il y avait un enfant de dix ou onze ans. Elle se l’imagina immédiatement sur un blanc cerf, tel un merveilleux Chevalier de conte de fée. Elle s’empressa alors de trottiner vers lui.

    - Bonjour. Chuchota-t-elle, ses joues prenant une étrange teinte rose-grise.

    - Bonjour. Répondit le garçon, surpris.

    - Je… suis Senka. Mon papa… y veut je me fasse des amis…

    - Ezrat. Répondit-il avec un petit sourire timide.

                Il s’éloigna d’elle de quelques pas mais ne chercha pas à la fuir pour autant. Pas comme les enfants de l’autre école qui la fuyait en riant et en la traitant « d’handicapée ». Si elle ne savait pas ce que c’était, elle ne manqua pas de remarquer que ce mot était écrit en grand sur le dessus de l’école.

                Elle se demandait « en quoi » ce garçon pouvait être « handicapé » lui aussi. Mais c’était pas grave, s’il pouvait devenir son ami.


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  • Le bal des hermines. 

     

                Une légende d’homme raconte qu’un jour, une blanche hermine, poursuivie par des chasseurs, préféra se laisser attraper plutôt que risquer de souiller son pelage en traversant une rivière boueuse. Elle raconte encore que la duchesse Anne de Bretagne aura ordonné que l’on relâche l’animal.

                Cette légende, nous la connaissons aussi. Contrairement à ce que l’humanité pense, nous animaux nous racontons également des légendes ou le passé. C’est juste que nous sommes bien incapables d’écrire quoi que ce soit. Nous avons bien essayé mais nos pattes ne sont pas adaptées à cela.

                La légende de la blanche hermine tant apprécié des hommes est connue en nos contrées comme la légende de la valeureuse Aînée III fille de Cadette. Cette hermine était la femelle aînée de la troisième portée d’une seconde née dans sa fratrie. Comme moi qui suit Benjamin V fils de Benjamine. Vous l’aurez compris, je suis le dernier mâle de la cinquième portée de ma mère née dernière femelle de sa propre portée. Evidemment, il doit y en avoir beaucoup des Benjamin V fils de Benjamine mais tant que mes frères et sœurs, ainsi que ma mère, me reconnaissent…

                Aînée III, pour vous simplifier cette histoire, devait se rendre aux bals des hermines comme chacune d’entre nous. Ce bal a lieu deux fois l’année. La première fois de l’année nous fait passer du blanc au brun alors que la seconde fois blanchis nos pelage jusqu’à ce qu’on nous atteignons la pureté même.

                Nous nous réunissons tous dans une grande clairière et nous commençons à danser. C’est magnifique. Nous ne savons jamais qui changera de couleur en premier et par où ça va commencer. L’année passée, j’ai blanchi du ventre puis avec des petites tâches tout partout, on aurait dit que je m’étais roulé dans la boue !

                Aînée III, comme toute hermine, venait au verger de notre bal lorsqu’elle entendit le bruit des hommes. Elle prit son courage à quatre pattes pour s’arrêter et écouter ce qu’ils disaient. Bien sûr, elle ne comprenait pas leur langage. Mais leur intonation suffisant. Elle se rapprochait petit à petit. Elle savait que les humains avaient tendance à montrer les endroits où ils voulaient aller.

                Silencieusement, elle se glissa derrière un trou et les fixa de son œil perçant jusqu’à ce que qu’ils désignent enfin l’endroit de leur convoitise.

                Elle eut alors l’horreur de voir qu’ils désignaient notre clairière. Allez savoir ce qu’ils pourraient faire de notre clairière… Ils nous avaient déjà pris des endroits qui étaient à nous, à nos autres amis mustélidés ou même à nos proies et prédateurs. Nous avions désespérément besoin de cette clairière !

                Encore une fois, Aînée III récupéra tout le courage qu’elle pouvait avoir avant de bondir devant ces humains. Ceux-ci se tournèrent vers elle. D’abord horrifier de voir une créature sauvage surgir devant eux, ils reconnurent le blanc pelage d’une hermine. Nous leur servions autant d’animaux de chasse, ou de compagnie, que comme parure. J’ai déjà vu une humaine porter un renard autour du cou, plutôt étrange comme pratique.

                Aîné III ne fit pas de bêtise et elle se mit à courir, jetant un œil par-dessus son épaule. L’on raconte qu’elle aurait ricané en voyant que les humains la suivaient bien. Elle entreprit alors de les éloigner le plus possible de notre clairière.

                Elle dut courir plus de quinze minutes avant d’arriver devant cette fameuse rivière boueuse. Elle aurait pu se jeter dans la rivière, désireuse d’arborer les mêmes tâches brunes que nous, elle qui ne pourrait peut-être pas participer au bal.

                Aîné III ne se refusa pas à passer la rivière par crainte de salir son magnifique pelage mais parce qu’elle avait mené les humains là où elle le voulait. Et surtout, parce qu’elle pourrait leur faire une merveilleuse source de distraction.

                Elle s’arrêta alors, gardant tout son courage en elle. Avec de la chance, elle deviendrait la poupée d’enfant pas trop violent. Si elle n’avait que de la malchance, elle périrait sans doute.

                Au lieu de quoi, à l’instant où les hommes l’eurent attrapé, une femme se détacha de la foule de ses humains. On raconte qu’elle était richement décorée. Quoi qu’elle eu dit à ces hommes, Aîné III fut reposée sur le sol. Elle en profita alors pour fuir, bien que faisant attention de ne pas mené les humains jusqu’à la clairière où elle fit la fête avec ses congénères.

                Elle raconta son histoire qui se perpétua dans notre peuple au fil des générations.


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