• Chapitre 3 : ELLE.

     

                Jean-Marc fixait la grande scène de l’auditorium de l’établissement où il travaillait. Ça lui faisait étrange d’être ici alors qu’il se sentait si mal en ce moment. Cette voix, dans sa tête, était encore réapparue. Il détestait cette sensation. Dès qu’il pensait quelque chose, la voix était libre de l’écouter. Pire encore, elle ne cessait de réagir. Si jamais ce qu’elle entendait lui déplaisait, elle n’hésitait pas à lui faire savoir.

                C’était ce pourquoi il avait si peur d’être en ce lieu si béni à ses yeux. Cette voix, signe de sa folie, pouvait-elle lui gâcher cela ? D’habitude, rejoindre sa petite troupe de théâtre le soulageait toujours. Malheureusement, il craignait que ça ne marche pas. Il n’avait cessé de repenser à elle. A sa façon d’agir, de réagir.

                Il avait voulu annuler ce rassemblement, surtout qu’ils ne pouvaient jamais faire ce qui lui plaisait vraiment. Il savait que ses partisans aimaient ce qu’ils faisaient. C’était une des raisons pour laquelle il se devait de conserver cette répétition. Si jamais il avait annulé, ça aurait été lé début de sa décadence. Comment aurait-il pu se regarder en face s’il reniait ce qu’il aimait le plus. S’il faisait passer sa mauvaise humeur et ses craintes bien avant ce que pensait de jeunes gens plein d’espoir.

    - Fait ce que tu veux, tant que tu ne laisses pas tout comme ça. Souffla la voix.

                Jean-Marc en avait des sueurs froides. Il se passa la main sur le visage alors qu’il venait rejoindre les membres de la troupe. Il y avait deux garçons et trois filles. Tous avaient entre quatorze et dix-sept ans.

    - Bonjour ! Claironna-t-il, essayant de se montrer aussi enjoué qu’il pouvait l’être.

                Il ne voulait pas non plus que ce qui lui arrivait mine les adolescents.

    - Bonjour ! Répondirent les autres.

    - Vous avez passé une bonne journée ? Questionna l’homme.

    - Très bonne. Répondit Julia, une fille de quinze ans.

                Elle avait été inscrite de « force » par ses parents mais elle était très passionnée, et aussi, très douce.

    - Est-ce que tu vas recommencer à y penser ? Demanda la voix.

                Jean-Marc serra les dents. Chose qui ne manqua pas d’être remarquer par les membres de la troupe. Il ne pouvait que relever les interventions de la voix. Il ne savait même pas ce qu’elle était.

                Il ne voulait pas croire en une chose bénéfique. Ça ne pouvait pas être Dieu, ou une quelconque apparition, pas qu’il fut agnostique, ou même athée, mais il ne pensait pas qu’un autre comme Dieu s’embête avec lui.

                Et si c’était le cas, se contenterait-il de lui donner des indications si floues ? Et pourquoi aurait-il une voix de femme ?

    - Dieu pourrait être une femme, mon vieux, mais c’est pas ça non.

                Jean-Marc se passa la main sur le visage. Il sourit aux adolescents.

    - Pardon, je suis un peu fatigué. Rit-il. Ça vous rappellera qu’il faut se coucher tôt. Je propose que vous fassiez les répétitions. Je vous dirais ce qu’il en est.

                Il sourit alors qu’il allait s’asseoir dans les sièges devant la grande scène. Il pourrait ainsi se concentrer sur cette voix. Pourtant, il détestait ça. Ça lui ressemblait si peu.

                Il fallait qu’il trouve rapidement la solution. Il leur laissa le temps de commencer avant d’oser parler dans sa tête.

                Fou, il allait devenir fou. Mais, au moins, il pourrait cesser de s’autodétruire seul.

    - Dis-moi… dis-moi au moins quel est ton nom…

    - Moi ? Fit la voix. Sullyvanne O’Ceallaigh.

                Jean-Marc ouvrit de grand yeux effrayés.


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