• Chapitre 4: La dernière page.

     

                Jean-Marc savait à quel point il était stupide de se sentir rassuré maintenant qu’il était dans sa maison. Comment pouvait-il être en sécurité où que ce soit ? Cette chose était dans sa tête ! La chose qu’il avait créée dans un cadre de cours avait réussi à prendre vie. Et elle s’imposait !

                Heureusement, il n’était pas dans un livre d’horreur comme « Frankenstein », un livre qu’il affectionnait particulièrement, par ailleurs. Il n’était pas non plus dans un film abracadabrant emplit d’hémoglobine. Malheureusement, il se demandait si son cas n’était pas pire encore. Parce que cette chose vivait dans son cerveau. Et il était bien connu qu’on extirpait difficilement quelque chose de sa matière blanche. Ou alors, il fallait en dépenser de l’argent auprès de psychiatre ou psychologue en tout genre.

    - Sullyvanne ?

    - Ouiiiiiiii ?

                Jean-Marc se passa la main sur le visage. Il ne se souvenait pas de l’avoir créée aussi agaçante.

    - Tu n’as qu’à t’en prendre à ma mère. Je tiens beaucoup d’elle ! Claironna Sullyvanne.

                Jean-Marc fronça les sourcils. Justement, il ne s’était jamais beaucoup attardé sur la mère de Sullyvanne. Il savait qu’elle avait de courts cheveux bruns, qu’elle avait des yeux bleus profonds, qu’elle venait d’Irlande, qu’elle cuisinait et qu’elle s’appelait Gyna. Mais il ne s’était pas attardé sur elle. Elle n’était pas un personnage important. Elle n’avait même pas un rôle tertiaire.

                C’était plutôt quelques caméos insignifiants qu’il avait mis pour rappeler que Sulyvanne avait une mère.

    - Une mère que j’aime profondément. Rectifia Sullyvanne. Tu sais, tu devrais vraiment relire ton histoire que tu as créée. C’est affligeant que tu me connaisses si mal.

                Jean-Marc agita la main en l’air, agacé. Il la connaissait très bien puisqu’il l’avait créée ! Et ses rapports avec sa mère étaient bien des choses insignifiantes à son goût.

                Il attendit la voix dans sa tête soupiré fortement. Jean-Marc s’irrita encore de l’entendre donner son avis. Il fallait qu’il trouve une façon de la faire taire. Mais comment ?

                Il s’installa dans son divan avec un livre dans lequel il se plongea. Le bavardage interne de sa création devint de plus en plus faible à mesure qu’il se perdait dans les méandres de la lecture. Il put alors se laisser alors à ces mots qui lui faisaient tant de bien.

     

                La sonnerie de la porte d’entrée le tira de son plaisir. Il soupira en mettant son signet dans son livre avant d’aller ouvrir. Il put alors voir un livreur qui avait posé une caisse sur le sol.

    - Jean-Marc Narine ?

    - Narean. Grinça le professeur face à cette prononciation qui l’accablait tant.

    - Signez, siouplait.

                L’homme se retint de le rectifier et de lui signifier qu’il fallait dire « s’il vous plaît ». Il se contenta de sourire en paraphant la feuille. Il récupéra alors la caisse qui était très lourd. Il dut la traîner dans la pièce pour pouvoir fermer la porte. Il alla alors chercher un pied de biche pour ouvrir la boîte.

                Il sourit en voyant, dans la frigolite, une belle machine à écrire. Lorsqu’il terminait l’histoire de Sullyvanne, il en avait commandée une car il avait craint que celle qu’il avait avant ne tienne pas la route. Mais elle avait tenu bon. Elle avait accepté toutes les notes prises fièrement sur elle puis il avait pu tout recopier à l’ordinateur. Ô, il savait bien qu’il perdait son temps à faire deux fois le travail mais le bruit des touches de la machine à écrire était bien plus beau que celui du clavier d’ordinateur. Avec une machine à écrire, il avait l’impression que tout s’écrivait plus aisément.

    - Avec ça ! Tu vas pouvoir continuer ! S’égosilla la voix de Sullyvanne.

    - Qu’est-ce que tu racontes ?

    - Que racontes-tu donc ? Singea la voix.

                Jean-Marc serra les dents. En tant que professeur de français, c’était vrai qu’il aimait beaucoup reprendre les gens pour qu’ils parlent ce qu’il estimait être un langage correct.

    - Dis-moi ce que tu veux me faire comprendre. Soupira-t-il, vaincu.

    - Ton histoire n’est pas finie.

    - Bien sûr que si !

    - Bien, bien, va la lire !!! Ordonna Sullyvanne.

                Jean-Marc posa précieusement la nouvelle machine à écrire à côté de l’ancienne. Il se dirigea vers la caisse où il avait mis les ébauches de son histoire. Le brouillon. Il avait un peu modifié en retapant à l’ordinateur. Pas beaucoup. Il avait estimé que son style était parfait !

                Il prit alors la dernière feuille. Il la mit bien en vue, comme s’il voulait que Sullyvanne lise ce qu’il avait écrit. Mais elle n’en avait pas besoin puisqu’elle l’avait vécu. Tout ça, c’était encore ancrer en elle. Ça le serait toujours.

     

    « […] Sullyvanne se tourna vers la fée qui voletait. Elle observait ses mouvements graciles. Cétait la dernière fois quelle pourrait les voir.

    - Llanest-ce que je vais vraiment devoir partir ? murmura Sullyvanne, le cœur lourd.

    - Bien sûrny a-t-il personne qui tattends chez toi ?

    - Situ as raison LlanMaman, papa…

    Elle eut un sourire rêveur en pensant à ses parents. Ça faisait si longtemps quelle ne les avait plus vus 

    Elle ignorait ce quil en était pour ses parents. Mais pour elle, ça faisait déjà des semaines entières qui s’étaient écoulées. Elle rêvait des petits plats de sa mère. Elle rêvait de la façon dont son père avait de la couchée.

    Elle ne voulait pas laisser Llan derrière elle. Ni même le monde de Nhobblefon quelle avait appris à connaître et aimer. Ni non plus ses attributs de furet propre au peuple quelle avait intégré.

    Elle savait toutefois qu’elle pourrait le rêver. Elle voulait le rêver. Toute sa vie.

    Une vie quelle devrait passer auprès de ses parents.

    Elle se tourna vers Llan. Un sourire triste passa sur ses lèvres.

    - AdieuLlan, gémit-elle.

     

    FIN. 

    »

     

    - C’est parfait ! Se vanta Jean-Marc en reposant la feuille.

    - C’est parfait ! Répéta Sullyvanne par pur mimétisme.

    - Même toi tu le dis.

    - Ironie, mon vieux. Ironie : Nom féminin. Raillerie qui consiste à dire le contraire de ce que l’on souhaite faire entendre. Dit-elle d’un ton grave.

    - Je connais le mot… Soupira Jean-Marc. Tu n’aimes pas cette fin ? Elle est magnifique ! Sullyvanne… enfin tu vas retourner chez toi. Nhobblefon est sauvé, Llan et toi vous vous aimez. Tout est bien qui fini bien.

    - Oh mais c’est vrai… tu me connais tellement mieux que moi-même. Railla Sullyvanne.

    - La fin est parfaite, je n’y toucherais pas ! Cria Jean-Marc avant de se rendre vers son livre.

                Il voulait finir sa lecture pour avoir le droit de lire du Molière avant de se coucher ce soir.

                Il crut entendre Sullyvanne ricaner. Mais il n’en était pas sûr. Ça pouvait tout aussi bien être le fruit de son imagination.


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