• Le bal des Hermines

    Le bal des hermines. 

     

                Une légende d’homme raconte qu’un jour, une blanche hermine, poursuivie par des chasseurs, préféra se laisser attraper plutôt que risquer de souiller son pelage en traversant une rivière boueuse. Elle raconte encore que la duchesse Anne de Bretagne aura ordonné que l’on relâche l’animal.

                Cette légende, nous la connaissons aussi. Contrairement à ce que l’humanité pense, nous animaux nous racontons également des légendes ou le passé. C’est juste que nous sommes bien incapables d’écrire quoi que ce soit. Nous avons bien essayé mais nos pattes ne sont pas adaptées à cela.

                La légende de la blanche hermine tant apprécié des hommes est connue en nos contrées comme la légende de la valeureuse Aînée III fille de Cadette. Cette hermine était la femelle aînée de la troisième portée d’une seconde née dans sa fratrie. Comme moi qui suit Benjamin V fils de Benjamine. Vous l’aurez compris, je suis le dernier mâle de la cinquième portée de ma mère née dernière femelle de sa propre portée. Evidemment, il doit y en avoir beaucoup des Benjamin V fils de Benjamine mais tant que mes frères et sœurs, ainsi que ma mère, me reconnaissent…

                Aînée III, pour vous simplifier cette histoire, devait se rendre aux bals des hermines comme chacune d’entre nous. Ce bal a lieu deux fois l’année. La première fois de l’année nous fait passer du blanc au brun alors que la seconde fois blanchis nos pelage jusqu’à ce qu’on nous atteignons la pureté même.

                Nous nous réunissons tous dans une grande clairière et nous commençons à danser. C’est magnifique. Nous ne savons jamais qui changera de couleur en premier et par où ça va commencer. L’année passée, j’ai blanchi du ventre puis avec des petites tâches tout partout, on aurait dit que je m’étais roulé dans la boue !

                Aînée III, comme toute hermine, venait au verger de notre bal lorsqu’elle entendit le bruit des hommes. Elle prit son courage à quatre pattes pour s’arrêter et écouter ce qu’ils disaient. Bien sûr, elle ne comprenait pas leur langage. Mais leur intonation suffisant. Elle se rapprochait petit à petit. Elle savait que les humains avaient tendance à montrer les endroits où ils voulaient aller.

                Silencieusement, elle se glissa derrière un trou et les fixa de son œil perçant jusqu’à ce que qu’ils désignent enfin l’endroit de leur convoitise.

                Elle eut alors l’horreur de voir qu’ils désignaient notre clairière. Allez savoir ce qu’ils pourraient faire de notre clairière… Ils nous avaient déjà pris des endroits qui étaient à nous, à nos autres amis mustélidés ou même à nos proies et prédateurs. Nous avions désespérément besoin de cette clairière !

                Encore une fois, Aînée III récupéra tout le courage qu’elle pouvait avoir avant de bondir devant ces humains. Ceux-ci se tournèrent vers elle. D’abord horrifier de voir une créature sauvage surgir devant eux, ils reconnurent le blanc pelage d’une hermine. Nous leur servions autant d’animaux de chasse, ou de compagnie, que comme parure. J’ai déjà vu une humaine porter un renard autour du cou, plutôt étrange comme pratique.

                Aîné III ne fit pas de bêtise et elle se mit à courir, jetant un œil par-dessus son épaule. L’on raconte qu’elle aurait ricané en voyant que les humains la suivaient bien. Elle entreprit alors de les éloigner le plus possible de notre clairière.

                Elle dut courir plus de quinze minutes avant d’arriver devant cette fameuse rivière boueuse. Elle aurait pu se jeter dans la rivière, désireuse d’arborer les mêmes tâches brunes que nous, elle qui ne pourrait peut-être pas participer au bal.

                Aîné III ne se refusa pas à passer la rivière par crainte de salir son magnifique pelage mais parce qu’elle avait mené les humains là où elle le voulait. Et surtout, parce qu’elle pourrait leur faire une merveilleuse source de distraction.

                Elle s’arrêta alors, gardant tout son courage en elle. Avec de la chance, elle deviendrait la poupée d’enfant pas trop violent. Si elle n’avait que de la malchance, elle périrait sans doute.

                Au lieu de quoi, à l’instant où les hommes l’eurent attrapé, une femme se détacha de la foule de ses humains. On raconte qu’elle était richement décorée. Quoi qu’elle eu dit à ces hommes, Aîné III fut reposée sur le sol. Elle en profita alors pour fuir, bien que faisant attention de ne pas mené les humains jusqu’à la clairière où elle fit la fête avec ses congénères.

                Elle raconta son histoire qui se perpétua dans notre peuple au fil des générations.


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