• Tendres sentiments

     

    Les vacances d’été se profilaient après une longue et pénible année scolaire.
    Finis les devoirs, finis les professeurs et leurs réprimandes, finis de rester toute une journée assis sur une chaise sans bouger. Tout ce qu’il restait après avoir retiré les désavantages de l’école, c’était les nombreuses heures de rires avec les enfants de son âge.
    Des compagnons de jeux, Patrick en avait toujours à sa proximité. Il était vrai que son meilleur ami, Jérôme Maurage, allait toujours à la mer durant le mois de Juillet et qu’ils ne pouvaient plus se voir avant Août. Toutefois, Patrick n’était jamais seul. Pour le garçonnet, c’était le plus bel avantage d’être orphelin. Au moins, on n’était jamais seul !
    C’était vrai qu’il aimerait être adopté par une belle famille. Mais il avait douze ans. Il connaissait la triste réalité : lorsqu’on a dépassé l’âge de sept années, rares sont les couples qui veulent bien d’eux. Ils préféraient de loin les poupons ou les jeunes enfants si doux, si adorables. Eux plutôt que des adolescents qui auraient prétendument des crises ou seraient difficiles à élever.

    Patrick Duguay était un petit orphelin ayant vécu douze printemps. Il affichait toujours un air heureux. Il était doté de courts cheveux blonds cendrés un peu en bataille. Quelques mèches passaient sur son visage rosé, cachant sa rondeur d’enfant. Ses grands yeux noirs pétillaient continuellement.

    Ce jour-là, Patrick devait aider Miranda Bousman, la gérante de l’orphelinat, à faire un peu de ménage. Ils avaient des tours pour ce qui était des corvées. Sur le mois, on leur confiait la responsabilité de trois ou quatre tâches ménagères : Aider à laver la gigantesque demeure, mettre la table et la débarrasser, faire la vaisselle ou aider à la découpe de légumes.
    Laver, avec un adulte responsable qui surveillait, c’était le travail que Patrick aimait le moins.
    Le garçonnet était en train de nettoyer le bureau de l’accueil. C’est à ce moment qu’il le vit pour la première fois.
    C’était un homme commun. On pouvait même le qualifier de banal. Il avait des cheveux bruns clairs en bataille, une peau pâle, mais pas trop. S’il était grand, il n’était pas imposant. La seule chose qui le rendait moins ordinaire, c’était deux grands yeux bleus profonds.
    Cet individu lui offrit un sourire, doux et rassurant, avant de poser des caisses sur le bureau.
    - Bonjour, salua-t-il. Je cherche Madame Bousman.
    Patrick lui désigna la femme qui lavait les vitres, à quelques pas de là. C’était toujours le travail qu’elle faisait elle-même. Elle trouvait que c’était trop dangereux de laisser faire les enfants. Il fallait monter sur un haut escabeau qui n’était pas toujours très stable. En plus, certains des produits à utiliser étaient nocifs.
    De dos, ses cheveux gris enroulés dans un foulard bleu et des vieux vêtements amples sur le corps, elle était méconnaissable. À son plus grand bonheur, on pouvait la prendre pour une jeune fille en attente d’être adoptée.
    - Merci, sourit l’inconnu.
    Il se permit de lui frictionner ses cheveux blond cendrés, un grand sourire aux lèvres puis il se dirigea vers la femme. Ils discutèrent un moment. Patrick garda sa loque en main et il observa cet être mystérieux. Était-ce un futur parent ? Il semblait bien jeune ! Il ne devait guère avoir plus de vingt-cinq ans. En lui donnant cet âge, il était sûr de le vieillir. Cet homme n’avait pas l’air d’un « vieux ».
    Le garçonnet resta à attendre jusqu’à ce que l’inconnu reparte. Alors seulement il trottina jusqu’à la gérante, serrant le tissu souillé dans ses mains.
    - Madame, qui était-ce ? interrogea-t-il, curieux.
    - Un bienfaiteur, expliqua-t-elle, un sourire taquin aux lèvres. Il vient souvent nous apporter des caisses de nourritures ou du matériel. Des couvertures neuves aussi, des vêtements ou même de la vaisselle.
    Elle irradiait de bonheur en racontant cela. Patrick se sentait sourire également. Il trouvait aussi que c’était une gentille attention. Il était plutôt rare que des personnes offrent leur argent ou leur bien à des orphelinats. Surtout sans rien attendre en retour. En effet, il était souvent plus profitable de donner à des associations caritatives ou de sauvegarde animalière qu’à des enfants abandonnés.
    Patrick retourna en sautillant au bureau pour recommencer à le laver. Plus vite il l’aurait fait, plus vite il pourrait aller s’amuser avec ses compagnons d’infortunes.
    Il aimait jouer avec eux.
    Lorsqu’on avait douze ans, une belle partie de football était souvent bien plus bénéfique que tout ce que l’on pouvait s’imaginer. Courir derrière une balle, bercé par le rire de vos camarades, il y avait-t-il quelque chose de mieux ?

     


    Patrick posa toutes les feuilles qui composaient ses cours dans une caisse en carton. C’était officiel ! Ils étaient en vacances ! Il avait du mal à ne pas danser d’un pied sur l’autre. Surtout qu’il avait la chance de ne pas avoir de devoir de vacances à l’inverse de Timothy, son compagnon de chambre.
    Il n’y avait que cinq enfants qui avaient son âge dans l’orphelinat. Ils étaient trois à être sûrs de pouvoir aller en secondaire, un qui n’aurait pas cette chance et Timothy en attente. Patrick avait hâte d’être à la rentrée, même s’il voulait pouvoir jouer avec ses amis. Il était officiellement un « grand » maintenant.
    Il avait l’impression de le ressentir lorsqu’il voyait les enfants de moins de cinq ans. Il leur en voulait moins de se faire adopter alors qu’il était enfermé ici jour après jour.
    Il pouvait accepter qu’il ne sortirait d’ici que lorsqu’il aurait dix-huit ans. Ça ne le dérangeait plus.
    C’est la tête pleine de belles idées qu’il se rendit dans la cour. On y accédait par une petite pièce à l’arrière du grand bâtiment de l’orphelinat.
    En cette période de l’année, la pelouse si verdoyante était couverte de belles pâquerettes et de quelques boutons d’or. Même pour lui, c’était un merveilleux spectacle que ce blanc et ce jaune dans cette étendue verte.
    Patrick vint se mêler à une de ces nombreuses parties de football que les orphelins jouaient inlassablement. Il n’était peut-être pas très doué, mais il aimait ça. Il savait donner la balle à ses coéquipiers pour qu’ils puissent marquer de beaux buts. Il savait courir plusieurs fois le long de ce terrain, il avait l’endurance pour le faire.
    Julien, un de ses amis les plus proches, lui envoya le ballon. Il prépara son pied pour l’arrêter et le renvoyer à un autre coéquipier mais il se figea. La balle roula dans les fleurs.
    - Patrick !! protestèrent ses amis.
    Le garçonnet rit, gêné, puis courut. Non pas vers le ballon mais vers la barrière. Il y avait là une personne qui tenait trois caisses à bout de bras. Sa vue était presque bouchée. Patrick enjamba la barrière, bien que Miranda n’aimait pas ça, et trottina jusqu’à lui.
    - M’sieur, j’peux vous aider ?
    - Pardon ? s’étonna l’individu à qui il s’adressait.
    Patrick s’empara d’une des boîtes de mot d’ordre. Il ne put que souffler, c’était assez lourd. Toutefois, il cacha ce petit « souci ». Il sourit de toutes ses dents au bienfaiteur.
    - Oh, bonjour.
    Sa vue débouchée, il venait de reconnaître Patrick.
    - Tu as passé une bonne journée ? interrogea l’homme.
    - Oui ! J’ai réussi mon CEB ! claironna-t-il. Je l’ai ! Soixante-trois pour cent !
    Patrick fut surpris de raconter cela à cet inconnu. Mais c’était vrai qu’il était très content de cette réussite. Non seulement il devenait un « grand » mais il avait aussi eu de très bon résultat. Pas les meilleurs, loin de là. À son avis d’enfant, il avait quand même eu assez de point pour pouvoir en être fier.
    - Vraiment ? Mes félicitations !
    - Merci !
    Patrick regarda la caisse qu’il portait. Il se demandait quel genre de bonne nourriture il pouvait y avoir dedans. Il trouvait qu’on mangeait très bien dans cet orphelinat, comparé à d’autres, comme ceux dans lesquels il avait vécu, qui manquaient cruellement de moyen.
    Peut-être était-ce grâce à ce bienfaiteur ? Il l’espérait ! Mais une fois encore… il ignorait pourquoi.
    Ils allèrent jusqu’au bâtiment principal. Patrick tint la porte ouverte pour que l’homme puisse passer. Il l’accompagna ensuite jusqu’au bureau de la gérante où ils posèrent leur fardeau.
    - Merci beaucoup, mon p’tit bonhomme. Comment t’appelles-tu ?
    - Patrick Duguay m’sieur. Mais c’est provisoire pour le Duguay ! Enfin…
    Il eut un petit gloussement nerveux qui fut accueilli par un sourire doux de l’inconnu. Il se pencha pour être à son hauteur.
    - C’est un très joli prénom. En plus, c’est celui du Saint-Patron de mon pays natal.
    - Cool ! s’écria le gamin.
    Le bienfaiteur sourit et se redressa. Il tapota les trois caisses.
    - Je te laisse t’occuper de ça. Tu préviendras madame Bousman, d’accord ?
    - Oui, m’sieur !
    Il sourit de toutes ses dents.
    - Profite de tes vacances. Tu les as bien méritées.
    L’homme lui ébouriffa les cheveux puis sortit de la demeure. Patrick trottina jusqu’à la porte et le regarda partir. Il se souvint de la partie de football en cours dès que l’inconnu, qui ne l’était plus tant, eut disparu au coin de la rue.
    Il s’empressa alors de rejoindre ses amis dans le jardin. La partie avait déjà recommencé. Julien envoya la balle dans les pieds de Marc puis rejoignit son ami. Il fit une moue.
    - Pourquoi tu nous as lâchés comme ça ? demanda-t-il.
    - J’sais pas… j’ai vu cet homme… il vient apporter de la nourriture. M’dame Bousman dit que c’est un bienfaiteur. Il est gentil… moi je l’aime bien.
    - Tu l’as souvent vu ? questionna son ami, soucieux.
    - Non. C’est ça qu’est le plus bizarre.
    Patrick se frotta la tête, gêné, en rigolant. Tout ça devenait très étrange. Mais il appréciait beaucoup cette personne, malgré qu’il n’ait passé que quelques poignées de minutes ensemble en tout et pour tout.

    Miranda Bousman était devant son bureau où étaient posées les boîtes en cartons. Elle était surprise qu’il n’y ait personne pour la tenir au courant de ce qu’il en était. En général l’homme qui venait les lui apporter aimait parler avec elle. Il en profitait souvent pour lui dire ce qu’il y avait dans chacune. Ainsi, elle n’avait pas à s’embêter à les ouvrir avant d’être dans la bonne pièce. Ça réduisait le travail et évitait les « risques » de pertes.
    La gérante savait que ça venait du « bienfaiteur », comme elle aimait l’appeler pour le taquiner. Elle le remarquait à l’adhésif rouge qui couvrait tous les trous dans le carton. Il prenait toujours des caisses délaissées au supermarché, les remplissait au maximum puis les fermait du mieux qu’il pouvait.
    - Il a probablement dû prévenir un enfant, soupira-t-elle doucement.
    Les orphelins jouaient tous dehors par cette belle après-midi de fin juin. Elle comprenait qu’ils aient pu oublier de la prévenir. Ils le feraient plus tard. Sinon, tant pis.
    Pour une fois, elle pouvait bien ouvrir toutes ces caisses. C’était un peu comme si elle participait à une quelconque chasse aux œufs.
    Ça faisait bien longtemps qu’elle était trop âgée pour le Lapin de Pâques.

     


    Le soir venu, Patrick avait le plus gros et plus vieux dictionnaire de l’orphelinat dans ses bras. Il était ravi que Miranda le lui ait prêté. Il avait dû promettre trois fois qu’il y ferait attention et qu’il le rendrait au plus tôt. Il estimait que ce petit contrat oral n’était pas une grande contrainte. Surtout qu’il voulait absolument savoir de quel pays était originaire le bienfaiteur. Encore et toujours, il ignorait pourquoi savoir tout cela l’obsédait tant.
    Il se disait que savoir sa nationalité les rapprocheraient. Mais pourquoi vouloir être plus proche d’un inconnu ?
    Feuilletant le dictionnaire, il trouva bientôt la partie « nom propre ». Il put alors aller à la lettre « P ». Il y découvrit, avec joie, Saint Patrick. Il sourit en voyant alors qu’il s’agissait là du Saint-Patron de l’Irlande. Cela voulait dire que le donateur était Irlandais d’origine, ou avait toutefois vécu longtemps dans ce pays s’il n’en avait pas la nationalité.
    Il se demandait alors quel nom il pouvait avoir. Est-ce qu’il en avait un à connotation irlandaise ou était-il commun ?
    Il posa le dictionnaire sur le sol avec grand soin. Il le rendrait demain. Il n’avait pas envie de prendre le risque d’être puni parce qu’il était en bas alors qu’il devait être dans sa chambre. Couché de préférence.
    Il se glissa sous le fin drap de son lit.
    Il continuait de se demander la même chose qui revenait sans cesse : pourquoi est-ce qu’il s’intéressait tant à cette personne qu’il ne connaissait même pas ? Pourquoi lui restait-il continuellement en tête, presque de façon obsédante ?

     


    Quelques jours plus tard, Patrick attendait dans l’entrée le retour du bienfaiteur. Il ne pensait plus qu’à le rencontrer une nouvelle fois. Il voulait le voir pour lui parler, pour savoir comment il allait, connaître ses goûts et ses dégoûts.
    Cela inquiétait Miranda. Elle trouvait que l’enfant avait l’air de dépérir. Elle avait crainte que ce soit l’environnement de l’orphelinat qui faisait cet effet à Patrick. Il était ici depuis six ans maintenant. Elle l’avait recueilli à la fermeture d’un autre établissement du genre. Déjà qu’il était celui qui avait vécu le plus longtemps avec elle. Ainsi, la gérante craignait que ce fût la raison pour laquelle il ne prenait plus plaisir à vivre ici. Rester trop longtemps dans ce genre d’endroit devait être néfaste.
    Patrick bondit sur ses pieds lorsqu’un homme rentra dans le bâtiment. Il portait des caisses qui cachaient presque sa vue. C’était bien celui qu’il attendait. Le garçon sourit de toutes ses dents et vint lui prendre un peu de sa charge pour la poser à l’endroit habituel.
    - J’ai trouvé m’sieur !
    - Quoi donc ? sourit l’homme.
    Ce dernier ouvrit une boîte en carton et il en sortit un petit tupperware transparent. Dedans, il y avait des cupcakes au glaçage d’un beau vert. On aurait dit de la pelouse et il y avait même un petit mouton en pâte à sucre sur chacun. Patrick prit la pâtisserie que le bienfaiteur lui tendit avec de grands yeux surpris. Il se demandait comment il pourrait seulement oser manger cela. C’était trop beau !
    - Je… j’ai trouvé que vous étiez Irlandais ! Moi, j’ai toujours vécu ici en Belgique et… vous ?
    Pourquoi se sentait-il si ravi de pouvoir converser avec lui ?
    Le bienfaiteur mit un genou à terre, souriant.
    - Irlande, France et Belgique pour ma part.
    - Vous avez beaucoup voyagé !
    - Pas tant que ça.
    - Moi, j’ai voyagé nulle part, avança Patrick.
    - C’est sûr que comparé à toi, j’ai beaucoup voyagé.
    Il lui caressa les cheveux avec un grand sourire tendre aux lèvres. Patrick s’en sentait rassuré et apaisé. Il aimait cette sensation.
    Lorsqu’il parlait avec ses amis de l’école, ils lui racontaient ce que ça faisait d’avoir des parents. Lui avait perdu les siens à trois ans dans un malheureux accident de voiture. Il avait été dans deux orphelinats avant celui-ci.
    Alors les parents, les oncles, les tantes et les frères et sœurs ça le faisaient rêver. Il voulait connaître la douceur d’une maman, l’autorité d’un papa ou encore les chamailleries avec ses aînés ou cadets. C’était des choses qu’il enviait. Chose qu’il avait fini par accepter de ne pas avoir.
    Pourtant avec le donateur, il avait l’impression d’avoir le droit d’avoir une famille.
    Ça le faisait réaliser que l’amour ne devait pas forcément être issu de deux personnes. Ni même de personnes de sexes différents.
    - M’sieur ? Pourquoi vous apportez toujours tant de nourriture ? C’est très gentil, mais j’me demande !
    - Oh… c’est parce que j’ai vécu quelques années ici.
    Patrick le regarda avec des yeux ronds comme des soucoupes.
    - Vous êtes orphelin aussi ? s’étonna l’enfant.
    Le sourire de l’homme fut un peu plus triste mais il hocha la tête. Il lui caressa de nouveau les cheveux. Il se redressa et posa sa main sur les boîtes en carton.
    - Ça, c’est tout ce que je peux faire pour des personnes qui ont tant fait pour moi. Je n’avais pas ton âge quand je suis venu ici.
    - Vous avez été adopté ? s’enquit Patrick, rêveur.
    - Par mon oncle. Mais… je te souhaite d’être adopté par une vraie famille qui t’aimera ! Je sais que tu le mérites !
    - Merci.
    Patrick eut un sourire triste. Il prit le mouton en pâte à sucre pour le porter à sa bouche. Il mordit dedans puis sourit. C’était délicieux ! Mais là, le talent n’était remarquable qu’à la forme exceptionnelle de la friandise.
    - Je vais rentrer chez moi. Je te souhaite une bonne journée. Tu devrais t’amuser avec tes amis au lieu de m’attendre bêtement.
    Patrick songeait qu’il n’avait pas envie d’aller rejoindre ses amis pour s’amuser avec eux. Il préférait patienter jusqu’au retour de cet homme qui le rendait heureux tout en le fascinant. Il était simple, gentil, rayonnant.
    Pourtant, il ressentit le besoin d’aller dehors avec ses camarades. C’est ainsi qu’il sortit de la pièce pour aller jusqu’à celle qui donnait sur le jardin. Les filles jouaient à la marelle lorsqu’elles étaient jeunes ou encore à chat et cache-cache. Par contre, celles plus âgées discutaient de sujets divers et variés. Les garçons, eux, se passaient le ballon, quel que soit leur âge. Il s’approcha alors de ses amis.
    Julien lui fit signe de venir vers lui et lui lança la balle dès qu’il fut assez proche. Patrick la contrôla puis la renvoya vers Jeremy, souriant.
    Il avait eu raison d’écouter l’homme. Jouer, ça faisait toujours du bien ! Il était content de pouvoir partager cette partie avec tant d’enfants qu’il appréciait.
    Toutefois, se distraire ainsi avec eux lui rappelait qu’il rêvait d’être adopté depuis la fin de l’année scolaire. Il avait cru avoir oublié cette envie mais elle lui revenait, subite.
    Elle était beaucoup plus précise que ce qu’il avait désiré pendant neuf ans.
    Il avait peu connu ses vrais parents, il rêvait de pouvoir vivre pleinement cette sensation. Mais d’une certaine façon…

     


    Deux jours plus tard, Miranda rentra dans la chambre de Patrick.
    Elle vint secouer l’enfant pour le sortir de son lit. Pataud, le garçon se frotta les yeux. Il dissimula péniblement un bâillement dans le creux de sa main puis s’obligea à se lever.
    - M’dame… on est en vacances, se plaignit-il.
    - Oui, mais on a une surprise pour toi ! Il faut que tu te prépares ! Lave-toi le visage, décrasse-toi derrière les oreilles et enfile tes plus beaux habits, encouragea-t-elle.
    Patrick n’en avait pas envie. Il se tourna vers son lit qui était fort tentant. Malheureusement, madame Bousman était têtue, bien plus que lui. De quelques mouvements habiles, elle le tira loin de ses draps et de son matelas si agréable. Elle le poussa vers la salle de bain en lui faisant signe de « chhht ». Timothy dormait encore.
    Le garçon s’obligea à sourire puis se rendit dans la pièce désignée où il mit beaucoup de temps à se préparer. Il n’avait pas envie de faire d’effort et il pouvait un tout petit peu se rebeller. Il trouvait plaisant de pouvoir montrer son désaccord quand ça ne faisait de mal à personne et qu’il exécutait tout de même ce qu’on lui demandait.
    C’est ainsi qu’il descendit, après vingt-cinq minutes, portant ses plus beaux vêtements. Il trouvait qu’ils lui donnaient l’air d’un pingouin.
    Dès qu’il arriva dans le hall, il remarqua un couple.
    Il pensa directement qu’ils étaient très beaux : L’homme portait un costume bleu qui lui allait magnifiquement bien. Il avait des cheveux noirs parfaitement peignés et des yeux verts brillants. La femme, quant à elle, était habillée d’un tailleur rose délicat. Sa longue chevelure blonde coiffée d’une façon recherchée et exquise. Ses yeux étaient d’un beau noir, ni trop doux, ni trop sec.
    On aurait dit un couple directement sorti des séries télévisées que madame Bousman aimait tant.
    Miranda vint près de Patrick. Elle lui mit la main sur l’épaule, affichant un large sourire.
    - Voici les Martin. Ils aimeraient adoptés quelqu’un de ton âge. Je leur ai dit que tu serais ravi d’avoir une famille rien qu’à toi.
    Le couple sourit à l’enfant. La femme s’accroupit et lui caressa les cheveux comme s’il était un petit animal. Le garçon essaya de sourire. Il trouvait étrange cette façon d’agir, surtout lorsqu’on voulait adopter des enfants.
    Patrick les regarda. L’homme affichait un grand sourire mais ne venait pas plus vers lui. Il le trouvait embarrassé face à lui. Ça le faisait se sentir mal, lui aussi. Il pouvait les comprendre. Il était un peu intimidé face à eux.
    Ce qui était d’autant plus étrange parce qu’il n’avait pas du tout eu cette désagréable sensation avec l’Irlandais. Pourtant, la rencontre avait été plus soudaine.
    C’était étrange… Hier encore, il pensait à se faire adopter. Mais maintenant qu’il était devant ce couple parfait, il n’en avait plus envie. Il avait l’impression qu’avec eux, il ne serait pas à sa place, lui qui était si banal. Il ne ressentait pas la petite étincelle qui lui laissait croire que c’était la famille qu’il lui fallait.
    Il afficha une petite moue mais s’obligea à aller vers eux. Il ne voulait pas décevoir Miranda. La femme qui l’adopterait peut-être lui prit la main et l’emmena jusqu’aux divans qu’il y avait dans l’entrée. Ils étaient prévus à cet effet.
    Patrick prit place et les regarda l’un après l’autre.
    - Je m’appelle Patrick.
    - Je suis Martha et voici mon mari, Charles.
    - Bonjour… Pourquoi vous voulez un enfant de douze ans ? Vous n’avez pas envie de faire son éducation ? Vous voulez pas le changer quand il remplit sa couche ? Ça je comprends ! Miranda des fois elle doit s’occuper des bébés, mon dieu que ça schlingue ! s’écria le garçon.
    Martha eut un gloussement nerveux alors que Charles laissa échapper un petit rire. Voilà un enfant qui restait au moins naturel. Il espérait seulement que son franc parlé ne serait pas trop envahissant.
    - Et pourquoi venir pendant les vacances ? C’est pas mieux au début de l’année scolaire ?
    - Imagine ! On pourrait t’emmener en voyage ! s’enthousiasma Martha.
    Patrick retint une moue incrédule. Il ne voulait pas être adopté par eux ! Il fallait qu’il trouve un moyen pour que ce couple ne veuille plus de lui. Il agita les pieds dans le vide en faisant de désagréable bruit avec la bouche.
    La femme prit la main de son mari à qui elle offrit un sourire rassurant.
    - Vous êtes riches ?! Parce que si oui, ce serait cool ! Vous vous rendez compte, vous pourriez m’acheter tout ce que je veux ! Jonas dans ma classe, ses parents sont riches, c’est toujours lui qui a les plus belles affaires. C’est dommage qu’il aille en secondaire à Liège, j’aurais pu avoir du plus beau matériel que lui et le rendre jaloux ! Mais peut-être que vous habitez à Liège ?
    - N… Non… chuchota Martha, troublée.
    - Non quoi ? questionna Patrick.
    - Excuse-nous, dit-elle.
    Elle se leva et se rendit auprès de Miranda avec son mari. Patrick retint un sourire en la voyant rebrousser chemin si rapidement. Il la regarda discuter avec la gérante. Il vit la vieille femme afficher quelques fois un air surpris avant qu’elle ne raccompagne les époux à la porte.
    Patrick attendit sagement dans son fauteuil. Il ferma tout de même les yeux alors que le bruit des pas de madame Bousman se rapprochait.
    - Patrick ! Qu’est-ce qui t’a donc pris ? Ce couple semblait ravi quand ils t’ont vu ! Que leur as-tu dit ?
    - Je leur ai demandé s’ils étaient riches. C’est mal ? demanda-t-il, innocemment.
    - Bien sûr… tu as perdu une occasion en or, se désola-t-elle. Tu sais bien qu’il ne faut pas se comporter de la sorte. Pourquoi as-tu fait ça ? Tu ne veux plus être adopté ? questionna-t-elle.
    - Si, bien sûr que si ! protesta Patrick.
    Il avait même une très bonne idée de la personne qui pourrait le recueillir chez lui.
    Miranda soupira puis lui caressa doucement la tête. Elle supposa que l’enfant avait simplement été déstabilisé par des futurs parents aussi imposants pour un jeune enfant. Elle savait bien qu’ils ne ressemblaient pas à l’image que les petits se faisaient d’un père ou d’une mère.
    Malheureusement, peu de personne voulait bien d’une fille ou d’un fils qui avait déjà atteint les douze ans. Surtout que les frais qui allaient avec les études secondaires étaient assez importants.
    Elle avait mal au cœur pour Patrick qui avait juste pris peur au mauvais moment. Elle s’en voulait un peu. Elle aurait dû être là pour lui. Elle aurait dû rester à son côté pour l’assister au lieu de le laisser seul face à des inconnus.

    Miranda Bousman était au téléphone, faisant ce qu’elle détestait : rappeler famille sur famille dans l’espoir qu’ils seraient suffisamment désespérés pour adopter. Il y avait beaucoup de couple qui souhaitaient adopter un adorable bébé et finissait par ne pas pouvoir le faire. Surtout parce qu’il n’y en avait pas tellement et que la liste d’attente était très longue ou qu’il devait se tourner vers l’étranger.
    Lorsque le besoin d’enfants se faisait trop pressant, ils finissaient par chercher des enfants de plus en plus âgés. Le désir d’avoir un petit être à aimer était à ce moment bien plus présent que simplement vouloir avoir un nourrisson.
    En général, Miranda essayait de ne pas le faire, de peur que l’amour ne soit pas aussi fort. Elle craignait par-dessus tous les risques qu’un enfant qu’on aurait choisi, presque par désespoir, soit maltraité.
    Seulement, il fallait absolument qu’elle trouve une famille pour Patrick. Il fallait qu’elle l’arrache de cet endroit qui ne lui causait plus que du mal, elle voyait bien qu’il dépérissait jour après jour.
    - Allô Madame Joly ?
    - Oui ? C’est bien moi.
    - Je suis Miranda Bousman, de l’orphelinat Baudoin 1er, il y a deux ans, vous cherchiez des enfants. Si vous le désirez toujours, j’ai ici un garçon de douze ans qui attend une famille aimante.
    - C’est vrai ? Ce n’est pas vraiment ce que nous avions imaginé avec mon mari… mais nous pourrions essayer de le voir. Peut-être qu’il nous conviendra, supposa-t-elle avec un léger sourire.
    - Merci beaucoup ! s’enthousiasma la gérante.
    À chaque fois qu’elle avait ce genre de réponse, que ce soit pour Patrick ou pour un autre, elle ne pouvait qu’être heureuse. Elle aimait tous ces enfants mais elle ne pouvait se résoudre à vouloir qu’ils restent avec elle…
    C’était le plus grand malheur d’une gérante d’un orphelinat.
    Même si elle était ravie d’en revoir de temps en temps. Tout comme elle adorait voir chez elle si souvent son bienfaiteur maintenant qu’il était grand.

    Quelques heures plus tard, Patrick était assis dans le divan, face à un autre couple. Emma et Victor Joly. Bien moins imposant que Martha et Charles Martin. Ils étaient bien plus proches de ce qu’il espérait dans une famille. Dans leur attitude et leur physique, Patrick retrouvait ce qu’il aurait tant souhaité chez un parent.
    Mais il y avait un souci avec ces potentiels parents : ils n’étaient pas ceux qu’il attendait.
    Ainsi, il décida de faire autre chose que ce qu’il avait fait la première fois. Surtout que, comme promis, Miranda l’accompagnait.
    Il s’enfermait alors dans le mutisme, ne répondant pas aux questions. Il regardait ci et là de façon aléatoire.
    - Enfin, Patrick… dit quelque chose ! soupira la gérante, dépitée.
    L’enfant lui porta un regard puis ferma les yeux. Intérieurement, il s’en voulait un tout petit peu. La vieille femme était douce et gentille. Elle prenait de son temps pour l’aider et lui, il ne faisait rien. Il devait lui donner l’impression qu’il se moquait d’elle.

    En plus…
    Cela se reproduit, par trois fois encore.
    Des parents de secondes mains qui se retrouvaient face à un enfant qui ne semblait pas connecté à leur monde. Des couples perdus lorsqu’ils se trouvaient face à un garçonnet aux passions déroutantes.
    Miranda s’inquiétait de plus en plus du comportement de son petit protégé.

     


    - Ah ! Te voilà !
    Miranda s’empressa de descendre les marches pour rejoindre le bienfaiteur qui venait apporter des caisses pleines. Il faisait cela tous les quatre ou cinq jours environs. Pour une fois, Patrick n’attendait pas comme une âme en peine. Julien avait réussi à l’emmener dans le jardin où ils jouaient une partie de football filles contre garçons.
    L’homme posa les cartons remplis de nourriture ou de vêtements pour agiter la main. Souriant, il vint jusqu’en bas de l’escalier.
    - Je t’attendais plus tôt.
    - Pardon, j’étais pris dans la préparation d’un soufflé au chocolat, sourit l’homme.
    - Je comprends. Merci encore pour toutes ses provisions. Tu n’es pas obligé.
    - Je ne le fais pas par obligation, assura-t-il, la joie emplissant son visage. Comme tu le sais… ce n’est pas la nourriture qui me manque.
    Miranda sourit. Il la raccompagna jusqu’au bureau où elle prit une chaise pour s’installer. Elle était fatiguée. Elle se faisait de plus en plus âgée après tout.
    - Qui aurait cru, quand tu es arrivé à l’orphelinat, que tu deviendrais un cuisinier.
    Elle ne put que glousser en regardant les enchevêtrements de boîtes.
    - Et que tu nous offrirais tous les surplus de ton restaurant !
    - Je préfère quand je vous achète des aliments frais, c’est plus sain… et plus respectueux.
    - Ne dis pas de bêtises ! Du respect, tu en as plus qu’on le croirait.
    Une étincelle amusée passa dans les yeux bleus profonds.
    - Même quand tu nous donnes des secondes mains, c’est respectueux. Nous en avons besoin et nous sommes ravis de ton aide. Surtout quand tu ne dépenses pas bêtement ton argent pour ça !
    - Pas bêtement ! protesta l’Irlandais.
    Miranda chassa cette réponse en agitant la main.
    - J’ai une question pour toi… dit-elle.
    Le cuisinier se désigna du doigt, surpris.
    - Oui… je suis navrée de te demander cela. J’ai remarqué que tu parlais souvent avec Patrick Duguay.
    - Ce gamin est adorable ! sourit le bienfaiteur.
    Miranda hocha distraitement la tête.
    - Bien sûr… très adorable même…
    Patrick ne l’était plus tant depuis un moment, surtout en présence d’étranger. Elle savait tout de même que son cœur restait bon et pur.
    - Un souci ? s’inquiéta-t-il.
    - Depuis quelques temps, je lui trouve des familles aimantes susceptibles de l’adopter mais, à chaque fois, il se comporte mal. Il me jure qu’il veut une famille mais il agit comme si c’était le contraire. Je suis dépassée avec lui. Et puisque vous discutez souvent ensemble, je pensais que tu aurais pu avoir des explications… ou remarquer quelque chose ?
    L’homme secoua la tête, l’air navré.
    - Il est toujours très tendre et rayonnant en ma présence. Et on se fait souvent des câlins !
    - C’est mignon, sourit Miranda.
    - Je trouve aussi.
    L’Irlandais tapota gentiment les cartons, affichant un large sourire sur les lèvres.
    - Si tu le souhaites, pendant que tu te charges de ça, je vais aller lui parler. Vu qu’on s’entend bien, il pourrait me dire ce qui ne va pas.
    - Excellente idée.
    Elle lui prit les mains et sourit de toutes ses dents. Un grand « merci » pouvait se lire dans son regard. Elle était ravie qu’elle ait quelqu’un qui puisse l’aider. Le comportement de Patrick commençait à la désespérer.

     


    Patrick allait recevoir la balle lorsqu’il se tourna, ayant une drôle d’impression. Il irradia en voyant le donateur descendre le perron qui menait au jardin. Il se reçut le ballon sur la tête et vacilla. Heureusement, l’homme le rattrapa, arrêta la balle du pied et la renvoya vers un des enfants.
    - Pardon, chuchota le lanceur.
    - C’est ma faute, rit Patrick en se frottant le crâne.
    Il redressa la tête pour offrir un large sourire au bienfaiteur. L’homme lui prit la main et l’entraîna un peu plus loin. Une fois encore, il se mit à son niveau en s’accroupissant. Il avait un air soucieux sur le visage.
    - Tu es sûr que tu ne t’es pas fait mal ?
     Ne vous inquiétez pas, je vais très bien ! Par contre, je suis un peu triste de ne pas avoir pu vous aider… se désola l’enfant.
    - C’est très gentil mais j’ai l’habitude, tu sais.
    - J’avais jamais remarqué que vous veniez si souvent avant ! Mais je suis bien content d’avoir fini par le voir !
    L’Irlandais rit gentiment. Il resta silencieux quelques secondes, cherchant comment aborder le sujet.
    - J’ai discuté avec Madame Bousman…
    Patrick se fit silencieux. Il avait peur de ce que la gérante avait pu dire. Est-ce qu’il allait arriver à son but ou tout du contraire ?
    - Elle est très triste de ton comportement, tu sais ?
    - Je suis désolé…
    - C’est à elle qu’il faudra présenter tes excuses. C’est elle que tu attristes.
    Patrick hocha piteusement la tête.
    - Pourquoi est-ce que tu agis ainsi ? Elle dit que tu te comportes comme si tu ne voulais pas être adopté… est-ce vrai ? Lui dis-tu que tu le souhaites pour lui faire plaisir ?
    - Non m’sieur… c’est juste que je veux pas être adopté par eux…
    - Tu devrais leur laisser leur chance. Ce n’est pas en quelques secondes que l’on sait si la personne est celle qu’il nous faut.
    - Si ! C’est déjà arrivé. J’ai trouvé la personne parfaite ! assura Patrick.
    Le bienfaiteur eut un doux sourire en lui caressant la tête. Il espérait que son cœur n’avait pas été brisé par un refus. Ou encore en voyant un ami être adopté par le « couple parfait » à sa place.
    - Et alors ? osa doucement l’homme.
    - Je lui ai pas encore demandé.
    L’adulte pencha la tête sur le côté.
    Patrick donna des petits coups dans le sol, faisant voler un peu de poussière. Il baissa la tête, les joues rougies. Il n’aurait pas cru que ce serait si difficile.
    - En fait… c’est…
    Le garçonnet toussota dans sa main. Il se sentit réconforté lorsque la main de l’homme se posa sur son épaule. Ses encouragements muets fonctionnèrent très bien puisqu’il trouva toute la force dont il avait besoin !
    - En fait… j’aimerais beaucoup que vous m’adoptiez !
    - Moi ? s’étonna l’aîné.
    - Oui… je vous aime beaucoup… et on s’entend bien.
    - C’est vrai qu’on s’entend bien.
    - Et vous m’aimez bien ? chuchota l’enfant.
    Il osait à peine prononcer les mots. Ça lui ferait bien trop de mal que l’homme lui réponde « non ».
    Mais le bienfaiteur afficha un grand sourire en lui caressant les cheveux.
    - Bien sûr que oui. Qui n’aimerait pas un garçon aussi adorable que toi ?! s’enthousiasma-t-il.
    Patrick le regarda avec un espoir retrouvé.
    - Alors… vous voulez bien m’adopter ? Ça serait magnifique !
    - D’accord.
    Patrick serra sa main sur celle de l’homme, fébrile.
    - C’est… c’est oui ? balbutia-t-il, rêveur.
    - Oui ! Je veux t’adopter ! s’amusa l’adulte. Et puisque je veux t’adopter, tu pourrais me tutoyer, ce serait mieux, non ?
    Fou de joie, l’enfant se jeta dans ses bras pour se blottir tout contre lui. Il s’imaginait déjà ce que serait la vie avec lui.
    - M’sieur ! Une dernière chose !
    - Oui ?
    - Je t’ai jamais demandé… quel est ton nom ?
    L’homme rigola puis posa un baiser sur le front de son futur fils. Patrick le trouva doux et chaud. Il ne put que sourire en le sentant contre sa peau. Le « smack » désagréable n’avait même pas effet sur lui. Au contraire, il était ravi de l’entendre.
    - Nollaig O’Ceallaigh.
    - Waouah… c’est dur à dire ça ! se plaignit le garçon.
    L’homme rit de plus belle avant de le serrer contre lui dans une tendre accolade. C’est avec grand plaisir que le petit se blottit contre Nollaig, ravi de connaître enfin son nom. Même s’il était dur à prononcer.

     


    Patrick avait hâte de raconter tout cela à Jérôme… pour une fois, ce ne serait pas son meilleur qui aurait les plus belles histoires à raconter. Lui qui avait toujours un million d’aventures à relater !
    Être adopté par Nollaig était, pour lui, la plus grande aventure qu’il puisse vivre ! Années scolaires et vacances confondues.
    Patrick était maintenant convaincu que le « couple parfait » auquel rêvent tous les orphelins n’est pas toujours un couple. Au contraire, ça pouvait être un homme seul ou une femme célibataire. L’âge non plus n’avait pas d’importance.
    Cet être qu’il avait vu comme un bienfaiteur puis comme un ami était ses parents parfaits à lui.
    Nollaig qu’il avait déjà décidé d’appeler « papa ». Surtout que c’était bien facile à dire que « m’sieur O’Ceallaigh ».


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