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    Le Roi de Liane Silwen

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    « Le Roi » est le premier volet d’une saga « l’Empereur » dont l’auteur, Liane Silwen, garde mystérieusement secret sur le nombre final de tome. L’histoire raconte l’histoire d’Enjan Midakil, considéré comme la Lumière, qui a pour mission de ramener la paix sur le continent de Nadane. Imaginez le poids de ce fardeau pour… un adolescent de dix-sept ans qui vient à peine d’être couronné Roi. Il devra entre autre réparer les dégâts (involontaires) qu’a provoqués son père, ou encore espérer apaiser les tensions entre les peuples. Heureusement, il sera accompagné de ses fidèles amis, l’intelligent et facétieux Kahlan ainsi que le brave et valeureux Seiren. Il obtiendra même une mystérieuse et inattendue aide.

     

    Liane Silwen nous a emmené avec un brio dans un univers bien à elle peuplé de créature qui lui sont soit propre soit peaufiné au point qu’elle se les ais appropriés. Elle a un style certain qui est à la fois fluide et agréable à lire bien que quelques mots m’ont été parfois inconnus. Même lors du placement du monde et des personnages, sa plume s’est avéré douce et directe, pas d’esbroufe inutile ni de passage pesant.

    Dans Le Roi, humour et douceur se mêle au mystère et à la tension. On passe de passage qui nous font sourire à des passages qui ne nous donne qu’une seule envie : tourné la page pour savoir ce qu’il va arriver aux personnages ou encore quel plan farfelus l’entourage d’Enjan à réussi à lui faire.

    L’on a envie de voir l’apprentissage d’Enjan jusqu’à ce qu’il devienne le roi qu’on attend de lui. Va-t-il réussir à discipliner ses ministres ? Saura-t-il qui désire sa couronne ? Arrivera-t-il à déjouer les plans de ceux qui voudraient sa place ? On désire tout autant savoir ce qu’il advient de ses amis, l’un à la caserne et l’autre devant s’occuper des magiciens de Corona.

    Les personnages, quant à eux, ont tous leurs lots de défauts et de qualités. Même le Roi, présenté comme le symbole de l’avenir, se révèle encore très jeune et parfois inconscient. Il reste toutefois doux, aimant et brave, recelant de qualités qui le rendent plus attachant au fur et à mesure de l’histoire. Même les personnages dont on parle peu trouvent leur intérêt d’une façon ou d’une autre tant ils paraissent vivants. A mes yeux, elle réussit même à rendre attachant un personnage qui n’apparait pourtant que quelques lignes.

     

    Je ne peux que vous conseiller ce livre qui m’a beaucoup plu, se révélant bien trop court par moment.

     

    Si vous désirez vous le procurer, contacter l’auteur à : liane.silwen@letempsdesreves.fr ou bien par MP sur sa page facebook : https://www.facebook.com/pages/Liane-Silwen/148552198598562?fref=ts


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  • Chapitre 1: Jean-Marc Narean.

     

                Jean-Marc Narean, trente ans, enseignant de profession, dramaturge de vocation. Né le 1er Avril 1984, bien que personne n’ait cru que c’était une blague, à Verviers. Il grandit et étudia à Aubel, coquette petite ville de l’est de la Belgique. Attiré par le théâtre très jeune, il suivit de nombreux cours, quelque soit le jour, l’heure ou le temps.

                Ayant été refusé à l’université de Liège pour d’obscur raison, il se tourna naturellement vers celle de Namur. Il y accompli, avec fruit, des études littéraires et professorale.

                Enfin, il finit par s’installer, tranquillement, dans la petite ville de Jambes où il trouva un travail de professeur de français avant de monter une troupe de théâtre. Evidemment, il en était le dramaturge et acceptait tout nouvel arrivant pour peu qu’il soit suffisamment assidu.

                Jean-Marc aimait : le théâtre, fatalement, le bruit de la pluie contre les vitres et fumer une cigarette après avoir fini de corriger ses copies. Par contre, il n’aimait pas : que l’on pense que son nom s’écrivait « Narine », que son stylobille rouge bave et la « magnifique » idée qu’il avait eu d’arrêter de fumer.

                Il venait de récupérer la dernière feuille crachée par son imprimante. Son premier essai de roman. Ce n’était qu’un coup du sort qu’il en soit venu à cette écriture. Il avait demandé à ses élèves de créer un schéma narratif avant de l’appliquer. Voulant montrer à ses élèves comment faire, en professeur appliquer, il s’était ainsi retrouvé à taper plus de cent cinquante pages.

                Fier de lui, il couvait toutes ses feuilles l’une à la suite de l’autre. Il tapota prudemment le tas pour qu’il soit uniforme avant de se saisir de son agrafeuse. Trois grands « clac » retentirent dans son bureau, faisant une reliure on ne peut plus rudimentaire mais suffisante pour ne perdre aucune feuille.

                Cette histoire, bien qu’il n’aurait jamais cru avoir tant d’imagination pour la terminer, racontait l’histoire de Sullyvanne O’Ceallaigh. Son héroïne avait découvert un livre qui l’avait projeté dans un monde incongru. Fait, fait et refait mais il avait changé la donne en affublant la demoiselle d’un nouveau physique. Elle avait alors appris à faire avec celui-ci et tout ce qui allait avec. Une histoire de magie, de rêve, de contes de fée mais qui soulevait aussi des questions parfois un peu délicate. Surtout que le monde qu’il avait créé mêlait le moyen-âge avec des codes de l’époque, entre autre par manque de recherche, il devait l’avouer.

                Il posa avec soin le tas sur le coin de son bureau avant de se rendre dans sa petite cuisine.

                Il enclencha sa bouilloire électrique avant de venir mettre deux cuillères à café d’infusion à la cerise dans une boule à thé. Il se rendit dans la salle de bain pour faire ses ablutions du soir et enfiler un pyjama.

                Il revint ensuite pour verser l’eau chaude sur sa boule à thé. Bien vite, l’eau chaude se colora dans une douce couleur rosée. Il emmena alors la tasse et une coupole. Il se rendit, finalement, dans sa chambre. Il s’installa sous les chaudes couvertures avant de poser sa tasse.

                Jean-Marc prit L’Avare de Molière, il lavait déjà lu quelques fois mais il s’en ravissait toujours autant. Si seulement il pouvait avoir son talent. Si seulement il pouvait jouer une de ses pièces. Mais il n’avait pas assez d’adepte dans sa troupe à son plus grand malheur.

                Il se saisit ensuite, d’un petit objet blanc, ovale, sauf sur l’un des bouts qui devenait rectangle. Ça, c’était la chose libératrice qu’il avait trouvé pour palier au manque de cigarette. A vrai dire, cette chose médicale, lui permettait d’avoir sa dose de nicotine. Mais puisqu’il ne rejetait plus de fumée nocive, tous ses amis étaient d’accords pour dire que, en effet, il ne fumait plus.

                Une chance pour lui. Bien qu’il préférait de loin l’odeur du tabac froid ou encore faire des formes avec la fumée.

                Il tira une « bouffée » sur cet objet salvateur avant de retirer sa boule à thé pour la mettre sur la coupole. Il commença alors, enfin, à se détendre. Il était bientôt minuit, demain, il devrait aller travailler. Il avait envie et, en même temps, pas tant que ça. Il avait l’habitude de ses élèves, charmant mais indiscipliné.

     

                Lorsqu’il eut fini la pièce de théâtre, il posa le livre sur la table de chevet, un sourire aux lèvres.

                Il n’y avait rien de mieux que pouvoir correctement se détendre. Une dose de nicotine, un thé à la cerise, un bon livre et il était partit pour une nuit. Il vérifia qu’il avait bien mis son réveil avant de s’allonger dans son lit. Il se saisit d’une cordelette, pendouillant contre le mur, et tira dessus, coupant dès lors les lumières.

                Il roula sur le flanc, la meilleure position pour lui, et ferma les yeux.

                Comme bien souvent, Morphée lui tendit les bras. Ils étaient de vieux amants tous les deux. Le Dieu du Sommeil arrivait très vite à lui pour l’entraîner dans une douceur qu’il lui réservait toujours. Rare étaient les nuits d’insomnies, ne venant que lorsqu’il avait beaucoup de travail et qu’il ne pouvait se permettre le repos.

                Ainsi, il allait sombrer lorsqu’une voix féminine, dure, lui parvint.

    - Tu ne peux pas laisser ça comme ça !

                Jean-Marc sursauta et se releva pour tirer sur la cordelette. Il regarda autour de lui, cherchant d’où ça venait. Jamais encore il n’avait entendu ses voisins. Il ne comprenait pas pourquoi, aujourd’hui, ça arriverait. Il y avait un mur d’au moins cinquante centimètres voire un mètre entier entre eux.

    - Tu n’as pas le droit ! Siffla la voix, une fois encore.

    - Q… Qui est là ?

                Il regarda autour de lui, hagard. La voix ne se répercuta pas une nouvelle fois. Ça devait probablement venir de la rue. Il s’assura une dernière fois qu’il n’entendait rien avant de fermer la lumière et de se coucher, une nouvelle fois.


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  • Chapitre 2 : Perturbation.

     

                Jean-Marc vérifia pour la cinquième fois qu’il avait tout ce qu’il lui fallait dans son mallette. Son livre préféré Les fleurs du mal de Baudelaire, le livre qu’il utilisait avec les deuxièmes La mère de Pearl Buck, sa trousse avec toutes ses affaires dedans, son agenda, sa farde emplie de feuille. Tout était là. Il était content.

                Depuis deux ans, il avait développé une légère paranoïa. Il avait toujours peur d’oublier ses affaires parce que ça lui était arrivé une fois. Il avait dû jouer au « pendu » avec sa classe. Plus que l’oubli, ce qui l’avait effrayé, c’était la stupidité de ses élèves. Doux, mais stupide.

                Il prit alors sa mallette avant de se rendre à sa voiture, verrouillant derrière lui. Il avait hâte de commencer cette journée.

    - C’est ça ! Laisse tout en plan ! Lâche !!!

                Jean-Marc sursauta. La voix de la demoiselle d’hier ! Elle était de nouveau là. Il scruta les environs sans réussir à trouver la propriétaire de la voix. Si elle avait besoin d’aide, il n’était pas là pour elle. Surtout qu’il allait arriver en retard au travail…

                Ses élèves seraient certainement ravi de cet espoir mais lui n’aimait pas faire attendre les gens.

                Il se mordit la lèvre inférieure avant de poser sa mallette sur le siège passager de sa voiture. Il referma avec soin, tenant à éviter le « car-jacking ». Il n’aimait pas ce mot, d’ailleurs. Grand amoureux de la langue française, il ne comprenait pas pourquoi on l’alourdissait de mots venus d’ailleurs. Comme sauna. Pourquoi ne pas dire « bain finnois » c’était plus long mais c’était français.

                Soit. Il contourna la demeure, l’œil vif.

    - Mademoiselle ? Appela-t-il.

                Personne ne répondit. Levant la tête, il remarqua même un regard étrange de sa voisine. Elle pendait son linge au balcon. Jean-Marc voulu lui demander si elle avait entendu une voix mais il préféra partir pour l’école. Il s’était déjà suffisamment mis en retard.

     

                Jean-Marc donnait cours à ses premières années. Des enfants d’une douzaine d’années déjà plus préoccupé par le contenu de leur GSM que par les cours qu’il donnait. Pourtant, il les savait on ne peut plus intéressant. Ou l’espérait-il ? Lui les aimait en tout cas. Il avait l’impression que c’était ça qui était important.

                Voyant que ses élèves, une fois encore, ne se préoccupait guère de lui, il soupira. Il n’aimait pas faire ça mais il était de ceux qui pensaient qu’un jeune adolescent était encore rattrapable.

                C’était maintenant ou jamais pour les instruire !

                Ainsi, il pivota vers le calendrier affiché au mur. Il se passa la main sur le visage. Il avait désespérément besoin d’une dose de nicotine. Il chassa ses idées de drogués pour fixer les numéros qui dansaient devant lui.

    - Contrôle sur le sujet le dix-sept ! S’écria-t-il.

                Les élèves sursautèrent. Fusèrent ensuite les « mais c’est dans deux semaines » ou encore les « on a déjà plein d’autres devoirs et contrôles ! ». Il entendait les tons indignés comme il les avait toujours entendus dans sa carrière.

                Il n’aimait vraiment pas ce rôle d’ennemi des élèves.

                Il se décida à les ignorer pour prendre ses feuilles de cours. Le mot « farfadet » lui sauta immédiatement aux yeux. Attiré par lui. Bien sûr ! Ça lui rappelait sa petite Sullyvanne qu’il avait créé. Il ressentait pour elle une fierté presque paternelle. Après tout, en quelque sorte, il était son père.

                Bien sûr, sa petite Sullyvanne avait un père. Un géniteur. Un homme grand, fort, doux, aimant. Un pompier qui bravait le feu chaque jour sans espoir de devenir un héro. Il faisait ça parce qu’il aimait les autres.

                Mais lui était son créateur. Il ne voulait pas être considérer comme un dieu. Il préférait être son père, parce qu’il avait l’impression d’avoir enfin un enfant. Lui qui n’avait même pas une femme dans sa vie.

                Alors, forcément, ce mot lui faisait penser à sa fille de papier. Après tout, le farfadet était le symbole de l’Irlande. La patrie de sa petite.

    - Pfff. Fit la voix de fille.

                Il sursauta. Il regarda autour de lui, apercevant rapidement certains élèves noter dans leurs journaux de classe. Les autres en étaient déjà revenus à leurs discussions ou leur occupation tout sauf scolaire.

                Il aurait voulu leur demander s’ils avaient entendu une voix de fille mais il n’osait pas. Si ce n’était qu’un esprit de son imagination, il passerait pour fou. Le fou qu’il était. Parce que ce n’était pas logique ! La fille n’avait pas pu le suivre jusqu’ici.

                Il regarda le mot « farfadet ». Pourquoi ce soupir dédaigneux ? Il sursauta. Bien sûr ! Le symbole d’Irlande était le leprechaun. Comment avait-il pu faire une faute pareille ?

    - Mieux.

                La voix de fille.

                Il se massa les tempes. Ça devait seulement être un de ses élèves. Pourtant la voix était si douce, si claire. Elle semblait provenir de sa tête elle-même.

                Il s’assit à sa chaise, abandonnant l’idée de faire suivre ses cours à ses élèves. En plus, cette voix l’inquiétait.

                Il était bien trop logique pour oser croire à quelconque magie. Il en voyait souvent des articles avec des hurluberlus qui juraient avoir entendu des voix. Voix qui leur avaient permis de sauver des personnes au bord de la mort.

                Ce n’était pas pour lui. Il n’était qu’un pauvre professeur qui gagnait à peine sa vie. Un homme qui n’avait rien dans sa vie si ce n’était ses livres.

    - Puisque tu es occupé à te tourner les pouces… tu pourrais au moins réfléchir à la suite ! Tu ne vas quand même pas laisser ça comme ça !

                Jean-Marc mit ses mains à ses tempes. Il essayait de démanteler cette voix. Elle était particulière. Elle ne pouvait décemment pas appartenir à un de ses élèves.

    - Dis quelque chose…

    - Hinhin « quelque chose ». Fit la voix.

                Mystique, avec un léger accent anglais, elle parlait vite, sans laisser le temps aux mots d’entrer dans l’air. Un accent venant l’est de l’Irlande.

                Mais il se gela dans cette constatation.

                Elle entendait ses pensées !

                Il se leva, des sueurs froides coulant sur ses joues et sur son front. Il avait la sensation que son cœur battait trop vite. Il allait s’évanouir ou se vomir dessus. Peut-être même dans cet ordre précis.

                Cette fois-ci, il en était sûr !

                Il était fou !


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  • Chapitre 3 : ELLE.

     

                Jean-Marc fixait la grande scène de l’auditorium de l’établissement où il travaillait. Ça lui faisait étrange d’être ici alors qu’il se sentait si mal en ce moment. Cette voix, dans sa tête, était encore réapparue. Il détestait cette sensation. Dès qu’il pensait quelque chose, la voix était libre de l’écouter. Pire encore, elle ne cessait de réagir. Si jamais ce qu’elle entendait lui déplaisait, elle n’hésitait pas à lui faire savoir.

                C’était ce pourquoi il avait si peur d’être en ce lieu si béni à ses yeux. Cette voix, signe de sa folie, pouvait-elle lui gâcher cela ? D’habitude, rejoindre sa petite troupe de théâtre le soulageait toujours. Malheureusement, il craignait que ça ne marche pas. Il n’avait cessé de repenser à elle. A sa façon d’agir, de réagir.

                Il avait voulu annuler ce rassemblement, surtout qu’ils ne pouvaient jamais faire ce qui lui plaisait vraiment. Il savait que ses partisans aimaient ce qu’ils faisaient. C’était une des raisons pour laquelle il se devait de conserver cette répétition. Si jamais il avait annulé, ça aurait été lé début de sa décadence. Comment aurait-il pu se regarder en face s’il reniait ce qu’il aimait le plus. S’il faisait passer sa mauvaise humeur et ses craintes bien avant ce que pensait de jeunes gens plein d’espoir.

    - Fait ce que tu veux, tant que tu ne laisses pas tout comme ça. Souffla la voix.

                Jean-Marc en avait des sueurs froides. Il se passa la main sur le visage alors qu’il venait rejoindre les membres de la troupe. Il y avait deux garçons et trois filles. Tous avaient entre quatorze et dix-sept ans.

    - Bonjour ! Claironna-t-il, essayant de se montrer aussi enjoué qu’il pouvait l’être.

                Il ne voulait pas non plus que ce qui lui arrivait mine les adolescents.

    - Bonjour ! Répondirent les autres.

    - Vous avez passé une bonne journée ? Questionna l’homme.

    - Très bonne. Répondit Julia, une fille de quinze ans.

                Elle avait été inscrite de « force » par ses parents mais elle était très passionnée, et aussi, très douce.

    - Est-ce que tu vas recommencer à y penser ? Demanda la voix.

                Jean-Marc serra les dents. Chose qui ne manqua pas d’être remarquer par les membres de la troupe. Il ne pouvait que relever les interventions de la voix. Il ne savait même pas ce qu’elle était.

                Il ne voulait pas croire en une chose bénéfique. Ça ne pouvait pas être Dieu, ou une quelconque apparition, pas qu’il fut agnostique, ou même athée, mais il ne pensait pas qu’un autre comme Dieu s’embête avec lui.

                Et si c’était le cas, se contenterait-il de lui donner des indications si floues ? Et pourquoi aurait-il une voix de femme ?

    - Dieu pourrait être une femme, mon vieux, mais c’est pas ça non.

                Jean-Marc se passa la main sur le visage. Il sourit aux adolescents.

    - Pardon, je suis un peu fatigué. Rit-il. Ça vous rappellera qu’il faut se coucher tôt. Je propose que vous fassiez les répétitions. Je vous dirais ce qu’il en est.

                Il sourit alors qu’il allait s’asseoir dans les sièges devant la grande scène. Il pourrait ainsi se concentrer sur cette voix. Pourtant, il détestait ça. Ça lui ressemblait si peu.

                Il fallait qu’il trouve rapidement la solution. Il leur laissa le temps de commencer avant d’oser parler dans sa tête.

                Fou, il allait devenir fou. Mais, au moins, il pourrait cesser de s’autodétruire seul.

    - Dis-moi… dis-moi au moins quel est ton nom…

    - Moi ? Fit la voix. Sullyvanne O’Ceallaigh.

                Jean-Marc ouvrit de grand yeux effrayés.


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  • Chapitre 4: La dernière page.

     

                Jean-Marc savait à quel point il était stupide de se sentir rassuré maintenant qu’il était dans sa maison. Comment pouvait-il être en sécurité où que ce soit ? Cette chose était dans sa tête ! La chose qu’il avait créée dans un cadre de cours avait réussi à prendre vie. Et elle s’imposait !

                Heureusement, il n’était pas dans un livre d’horreur comme « Frankenstein », un livre qu’il affectionnait particulièrement, par ailleurs. Il n’était pas non plus dans un film abracadabrant emplit d’hémoglobine. Malheureusement, il se demandait si son cas n’était pas pire encore. Parce que cette chose vivait dans son cerveau. Et il était bien connu qu’on extirpait difficilement quelque chose de sa matière blanche. Ou alors, il fallait en dépenser de l’argent auprès de psychiatre ou psychologue en tout genre.

    - Sullyvanne ?

    - Ouiiiiiiii ?

                Jean-Marc se passa la main sur le visage. Il ne se souvenait pas de l’avoir créée aussi agaçante.

    - Tu n’as qu’à t’en prendre à ma mère. Je tiens beaucoup d’elle ! Claironna Sullyvanne.

                Jean-Marc fronça les sourcils. Justement, il ne s’était jamais beaucoup attardé sur la mère de Sullyvanne. Il savait qu’elle avait de courts cheveux bruns, qu’elle avait des yeux bleus profonds, qu’elle venait d’Irlande, qu’elle cuisinait et qu’elle s’appelait Gyna. Mais il ne s’était pas attardé sur elle. Elle n’était pas un personnage important. Elle n’avait même pas un rôle tertiaire.

                C’était plutôt quelques caméos insignifiants qu’il avait mis pour rappeler que Sulyvanne avait une mère.

    - Une mère que j’aime profondément. Rectifia Sullyvanne. Tu sais, tu devrais vraiment relire ton histoire que tu as créée. C’est affligeant que tu me connaisses si mal.

                Jean-Marc agita la main en l’air, agacé. Il la connaissait très bien puisqu’il l’avait créée ! Et ses rapports avec sa mère étaient bien des choses insignifiantes à son goût.

                Il attendit la voix dans sa tête soupiré fortement. Jean-Marc s’irrita encore de l’entendre donner son avis. Il fallait qu’il trouve une façon de la faire taire. Mais comment ?

                Il s’installa dans son divan avec un livre dans lequel il se plongea. Le bavardage interne de sa création devint de plus en plus faible à mesure qu’il se perdait dans les méandres de la lecture. Il put alors se laisser alors à ces mots qui lui faisaient tant de bien.

     

                La sonnerie de la porte d’entrée le tira de son plaisir. Il soupira en mettant son signet dans son livre avant d’aller ouvrir. Il put alors voir un livreur qui avait posé une caisse sur le sol.

    - Jean-Marc Narine ?

    - Narean. Grinça le professeur face à cette prononciation qui l’accablait tant.

    - Signez, siouplait.

                L’homme se retint de le rectifier et de lui signifier qu’il fallait dire « s’il vous plaît ». Il se contenta de sourire en paraphant la feuille. Il récupéra alors la caisse qui était très lourd. Il dut la traîner dans la pièce pour pouvoir fermer la porte. Il alla alors chercher un pied de biche pour ouvrir la boîte.

                Il sourit en voyant, dans la frigolite, une belle machine à écrire. Lorsqu’il terminait l’histoire de Sullyvanne, il en avait commandée une car il avait craint que celle qu’il avait avant ne tienne pas la route. Mais elle avait tenu bon. Elle avait accepté toutes les notes prises fièrement sur elle puis il avait pu tout recopier à l’ordinateur. Ô, il savait bien qu’il perdait son temps à faire deux fois le travail mais le bruit des touches de la machine à écrire était bien plus beau que celui du clavier d’ordinateur. Avec une machine à écrire, il avait l’impression que tout s’écrivait plus aisément.

    - Avec ça ! Tu vas pouvoir continuer ! S’égosilla la voix de Sullyvanne.

    - Qu’est-ce que tu racontes ?

    - Que racontes-tu donc ? Singea la voix.

                Jean-Marc serra les dents. En tant que professeur de français, c’était vrai qu’il aimait beaucoup reprendre les gens pour qu’ils parlent ce qu’il estimait être un langage correct.

    - Dis-moi ce que tu veux me faire comprendre. Soupira-t-il, vaincu.

    - Ton histoire n’est pas finie.

    - Bien sûr que si !

    - Bien, bien, va la lire !!! Ordonna Sullyvanne.

                Jean-Marc posa précieusement la nouvelle machine à écrire à côté de l’ancienne. Il se dirigea vers la caisse où il avait mis les ébauches de son histoire. Le brouillon. Il avait un peu modifié en retapant à l’ordinateur. Pas beaucoup. Il avait estimé que son style était parfait !

                Il prit alors la dernière feuille. Il la mit bien en vue, comme s’il voulait que Sullyvanne lise ce qu’il avait écrit. Mais elle n’en avait pas besoin puisqu’elle l’avait vécu. Tout ça, c’était encore ancrer en elle. Ça le serait toujours.

     

    « […] Sullyvanne se tourna vers la fée qui voletait. Elle observait ses mouvements graciles. Cétait la dernière fois quelle pourrait les voir.

    - Llanest-ce que je vais vraiment devoir partir ? murmura Sullyvanne, le cœur lourd.

    - Bien sûrny a-t-il personne qui tattends chez toi ?

    - Situ as raison LlanMaman, papa…

    Elle eut un sourire rêveur en pensant à ses parents. Ça faisait si longtemps quelle ne les avait plus vus 

    Elle ignorait ce quil en était pour ses parents. Mais pour elle, ça faisait déjà des semaines entières qui s’étaient écoulées. Elle rêvait des petits plats de sa mère. Elle rêvait de la façon dont son père avait de la couchée.

    Elle ne voulait pas laisser Llan derrière elle. Ni même le monde de Nhobblefon quelle avait appris à connaître et aimer. Ni non plus ses attributs de furet propre au peuple quelle avait intégré.

    Elle savait toutefois qu’elle pourrait le rêver. Elle voulait le rêver. Toute sa vie.

    Une vie quelle devrait passer auprès de ses parents.

    Elle se tourna vers Llan. Un sourire triste passa sur ses lèvres.

    - AdieuLlan, gémit-elle.

     

    FIN. 

    »

     

    - C’est parfait ! Se vanta Jean-Marc en reposant la feuille.

    - C’est parfait ! Répéta Sullyvanne par pur mimétisme.

    - Même toi tu le dis.

    - Ironie, mon vieux. Ironie : Nom féminin. Raillerie qui consiste à dire le contraire de ce que l’on souhaite faire entendre. Dit-elle d’un ton grave.

    - Je connais le mot… Soupira Jean-Marc. Tu n’aimes pas cette fin ? Elle est magnifique ! Sullyvanne… enfin tu vas retourner chez toi. Nhobblefon est sauvé, Llan et toi vous vous aimez. Tout est bien qui fini bien.

    - Oh mais c’est vrai… tu me connais tellement mieux que moi-même. Railla Sullyvanne.

    - La fin est parfaite, je n’y toucherais pas ! Cria Jean-Marc avant de se rendre vers son livre.

                Il voulait finir sa lecture pour avoir le droit de lire du Molière avant de se coucher ce soir.

                Il crut entendre Sullyvanne ricaner. Mais il n’en était pas sûr. Ça pouvait tout aussi bien être le fruit de son imagination.


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